Adrien Viaud : ''un immense honneur''

Adrien, peux-tu te présenter ?
Adrien Viaud : J'ai 28 ans, je suis né à Nantes et supporter du club depuis longtemps. Le eSport (le sport électronique), pour ceux qui ne connaissent pas, c'est le foot mais à la console (jeu de foot Fifa). J'ai toujours joué à la console et il s'est avéré que je n'étais pas mauvais donc j'ai commencer à faire des tournois. Après, j'ai réussi à être sponsorisé avec une structure qui m'accompagnait et qui prenait en charge mes déplacements. En 2011, j'ai eu la chance d'être champion du monde ce qui m'a apporté de nouveaux sponsors et d'autres choses.

Comment devient-on joueur d'eSport ?
Adrien Viaud : Il y a forcément de l'entraînement même s'il y a une part d'inné. C'est un peu comme les joueurs de foot, il y en a qui sont bons mais il faut travailler derrière. Quand le jeu sort - tous les ans - on est obligés de se renouveler donc il faut toujours travailler. Dès qu'il sort, on joue beaucoup pour connaître les petites astuces puis après il faut se maintenir un minimum. Si on s'arrête de jouer pendant deux semaines, la prochaine compétition est un peu compliquée.

Est-ce qu'il y a des "profils types" de joueurs ?
Adrien Viaud : Oui, alors après, c'est plutôt selon les pays. Les Français on est très bons en défense, on anticipe beaucoup. Les Anglais tirent de loin et sont un peu plus "fou-fou", les Allemands aussi. C'est ça qui est marrant en compétition. Moi j'essaye d'anticiper beaucoup ce que va faire l'autre pour l'emmener où je veux, et faire une contre-attaque puis marquer.

Aujourd'hui, tu rejoins le FC Nantes...
Adrien Viaud : C'est forcément un honneur. Étant né à Nantes, depuis tout petit je suis le club. Mes premiers souvenirs remontent à 94/95... J'aurais aimé que ce soit sur le terrain, mais je n'avais le talent balle au pied ! Donc voilà, pouvoir intégrer le club grâce au eSport, c'est vraiment un immense honneur. Le but est de gagner des compétitions.

Concrètement comment cela va se passer avec le FC Nantes ?
Adrien Viaud : Normalement, il va y avoir la mise en place d'une "gaming house" au sein du club, un endroit dédié pour jouer, pour pouvoir m'entraîner. Je vais porter les couleurs du club en tournois et aussi sur le réseau car il y a beaucoup de choses qui se passent sur internet. Il va y avoir un accompagnement plus professionnel. J'ai été dans d'autres structures auparavant, mais là ça prend une ampleur importante, donc le but c'est d'être encadré un peu comme un sportif classique, et de devenir un sportif à part entière.

As-tu déjà affronté des joueurs du FC Nantes ?
Adrien Viaud : Je ne connais qu'un joueur, Valentin Rongier, que je connais depuis longtemps. Il joue très très bien. Je ne connais pas les autres très bien, mais d'après ce que j'ai entendu entre les joueurs, c'est lui qui gagnait tout l'année dernière. Entre nous, c'est assez serré, il anticipe bien car il a la vision du foot réel, ça l'aide bien. Après, ça dépend, ça peut être moi qui gagne ou lui. L'an passé, j'étais un peu devant, cette année, on va voir !

Quel conseil peux-tu donner aux personnes qui souhaiteraient être à ta place aujourd'hui ?
Adrien Viaud : Déjà de croire en soi. Ça n'a pas été facile d'annoncer à la famille : "j'ai une compétition dans 2 mois, il faut que je m'entraîne". C'est important d'avoir du monde qui nous soutient. Avec tout ce qui se développe, ça va aider. Mais ce n'est pas en jouant des heures et des heures contre n'importe qui qui va faire progresser. Il faut essayer de trouver des partenaires pour bien se connaître et de trouver la faille face à ces personnes qui anticipent tout ce que tu fais. C'est ça qui fait progresser derrière.

Une de tes dernières grosses compétitions, c'était à Rio...
Adrien Viaud : Oui, c'était en 2014 pendant la Coupe du Monde de football. C'est la Fifa qui avait organisé cette Coupe du Monde des jeux vidéos (sur FIFA 14). J'ai perdu en 1/4 de finale contre un Anglais, en prolongation, sur un pénalty où il n'y avait pas faute ! On a eu la chance ensuite d'assister à France-Allemagne au Maracana. C'était un rêve pour tout fan de football. J'ai donc eu 2 défaites 1-0 en quart pendant le week-end ! L'opportunité aussi des jeux vidéos, c'est que les compétitions se passent à travers le monde, ça nous permet de voyager et de vivre des choses que tout le monde ne vit pas. C'est ça aussi la part de rêve.

Quand tu joues, vibres-tu autant que quand tu viens à La Beaujoire ?
Adrien Viaud : Je suis plutôt calme, sauf à la console ! Je n'aime pas perdre donc forcément quand on s'investit dans quelque chose et qu'on pense être bon, c'est encore plus frustrant quand on sent qu'on ne maîtrise pas les choses. À La Beaujoire c'est complétement différent, surtout avec l'ambiance qu'il y a depuis quelques années. Quand je vais au stade, je ne maîtrise pas ce qui se passe sur le terrain. J'aimerais qu'ils gagnent tout le temps 3-0, malheureusement ce n'est pas le cas. Devant la console, je vais m'énerver car c'est moi qui fait les choses et ça ne se passe pas comme je veux. Au stade, c'est plutôt du plaisir et de la joie.

As-tu déjà joué devant des milliers de personnes ?
Adrien Viaud : Quand j'ai été champion, il y avait 2000 personnes sur la scène. C'était un Français contre un Espagnol, le public était avec moi. Ça faisait du bruit à chaque but, c'était génial ! Quand on joue chez soi devant sa télé, dans son canapé, c'est vrai que c'est un peu frustrant. Justement, on fait de la compétition pour vivre ces moments devant des milliers de personnes, et je pense qu'à terme, il y aura de plus en plus de monde.

Peux-tu nous expliquer d'où vient ton pseudo "Aquino" ?
Adrien Viaud : Je trouvais que ça sonnait bien avec mon nom. Après, je suis un joueur de Football Manager depuis des années et ça vient d'un jeune joueur espagnol qui s'appelle Daniel Aquino (Murcia).