Samuel Fenillat, responsable de la formation du FC Nantes et entraîneur des U17 Nationaux, dresse le bilan de la saison des équipes du Centre de Formation de la Maison Jaune. Un parcours 2011-2012, qualifié de "positif", qui s'est clôturé le week-end dernier dans la joie avec le titre de Champion de France U13 et la troisième place des U19 en phase finale du Championnat à Cholet. Entretien avec Samuel Fenillat.

Samuel Fenillat : "Au niveau des classements, et sur un plan comptable, on peut dire que le bilan est positif. Les plus jeunes de l’École de Foot sont Champions de France avec les U13 et les équipes terminent à la première place jusqu'aux U16. Les U17 ont été premiers toute la saison avant de craquer lors des derniers matches. Nous n'étions pas loin non plus (3e). Les U19 ont pour leur part participé aux demi-finales de la Coupe Gambardella et aux phases finales du championnat. La CFA2 termine 5ème, un classement honorable, même si nous souhaitions viser plus haut. Nous tenterons avec un groupe plus homogène de remonter la saison prochaine. C'est un championnat qui n'est pas évident."
Premiers devant les Girondins de Bordeaux, les U19 ont prolongé leur saison en phase finale…
Samuel Fenillat : "Oui, c'est bien d'y figurer pour l'image du club et pour les joueurs. Il doivent gérer leurs émotions et la manière d'aborder les matches. Nous voyons à travers ces rencontres d'une haute intensité, comme face au PSG, les joueurs capables "d'exister". Il y a eu des choses positives et d'autres qui amènent une réflexion. Depuis quelques années, nous sommes régulièrement bien classés et même dans le dernier "carré" sans, malgré tout, parvenir à aller au bout… Sommes-nous assez compétiteurs ? Est-ce notre manière de travailler ? Est-ce une question de talent ? Le jeu est aussi là pour être efficace. On ne peut pas simplement se contenter d'un beau mouvement."

Samuel Fenillat : "Oui, même si ce n'est pas la finalité. Il y a deux ans, la génération 91-92, a réalisé le même parcours. A l'arrivée, plusieurs joueurs sont devenus professionnels. On peut les citer : Erwin Zelazny, Loïc Négo, Lionel Carole, Koffi Djidji, Vincent Sasso, Chaker Alhadhur, Adrien Trébel, Jules Iloki, Alexandre Wroblewski, Yongjae Lee et Jordan Veretout… C'est quand même révélateur, et j'espère que nous aurons la même réussite que sur la génération actuelle. Maintenant, ce serait bien de valider par des titres. Il faut peut-être être plus compétiteur. Les joueurs ne peuvent pas se contenter d'une belle action. L'idée est bonne, mais il faut aller au bout de cette idée."
Quels sont les axes de progression ?
Samuel Fenillat : "Il faut continuer à fonctionner de la même manière en ajoutant des ingrédients à travers les entraînements, sur l'aspect "compétiteur", sur des enjeux ou des paris. Il faut sensibiliser les joueurs à travers des matches comme celui réalisé face au Paris SG. Nous sommes frustrés et partagés entre deux idées : leur dire que c'était bien parce qu'il y a eu des bonnes choses dans le jeu, mais il ne faut pas oublier le résultat. Nous ne retiendrons que le Champion de France. Le jeu doit être efficace."
Ces performances restent-elles révélatrices ?
Samuel Fenillat : "Il faut faire attention avec les résultats mais le potentiel des joueurs, de manière individuelle, collective, et en terme de personnalité, démontre que certains ne seront pas loin du compte. Est-ce que nous sommes dans le vrai ? Est-ce qu'il y a une vérité ? Je ne sais pas, mais nous avons nos principes et notre façon de faire dans le travail au quotidien et dans le recrutement. En tout cas, je ne pense pas que nous soyons sur le mauvais chemin."

Samuel Fenillat : "Il s'agit de notre troisième titre en championnat U13. Nous devons être le club le plus titré ! C'est bien, et démontre qu'il y a des jeunes de qualité et que le travail est bien réalisé au sein de l'Ecole de Foot. La dernière fois, c'était la génération avec Nassim Badri, Jordan Veretout et Anthony Walongwa (génération 93, ndlr). L'objectif est d'intégrer le plus de jeunes au centre, en se souciant de leur adaptation. Et ce n'est pas facile avec les petits qui sont en pleine phase de construction."
Sans oublier la scolarité…
Samuel Fenillat : "Il faut être capable de gérer le double projet : sportif et éducatif. Tous ces éléments amènent de la fatigue physique et psychologique. La saison est longue. A nous de trouver les bons aménagements à travers la scolarité qui est unique en France. Le rythme est adapté et permet d'allier les deux. Il faut aussi les protéger, leur dire que la route est longue et que la priorité reste l'école. Le football doit rester un jeu et un plaisir. Il faut faire abstraction de l'environnement, surtout une fois arrivé en centre de formation, et ne pas déjà se projeter professionnel."
De nombreux joueurs ont également fréquenté les sélections cette saison…
Samuel Fenillat : "Comme pour les phases finales, plus on va loin et mieux c'est. Les joueurs emmagasinent de l'expérience à travers des matches de haut niveau. Ils voyagent et vivent dans des contextes différents. Le rythme est élevé au niveau international. Il faut voir plus vite et faire plus vite. Maintenant, le fait de fréquenter les sélections ne veut pas forcément dire qu'ils seront professionnels. Le brassage de joueurs est important. Il faut être mesuré, lucide et prendre du recul."

Samuel Fenillat : "C'est certainement en France, l'un des joueurs de sa génération qui a fait le plus de matches. Après, ça me paraît logique qu'il n'ait pas participé aux matches avec les U19. Il a joué en professionnel 34 matches, plus les matches de sélections. Il aurait peut-être pu donner une plus-value à l'équipe en Coupe Gambardella, mais c'était aussi logique que le groupe poursuive avec les joueurs ayant participé à l'ensemble de la saison. Un collectif s'est créé. Jordan fait partie du groupe professionnel. Il doit bien récupérer et bien se projeter vers la saison prochaine. Il aurait été dommage qu'il se blesse et ne puisse pas être à la reprise de l'entraînement."
Quelle est votre analyse sur la saison des U17 qui échouent à la troisième place ?
Samuel Fenillat : "On a été en tête toute la saison avant de craquer à deux journées de la fin. C'est frustrant. Nous avions un groupe jeune avec une moitié composée de U16, et l'autre de U17. Sur la durée, c'est long, car il y a de la fatigue. Le rythme est soutenu. C'est dommage car il y avait la "place". Quelques matches ont basculé… Il y a de la déception, mais nous réalisons quand même une belle saison."
L'USJA Carquefou accède au National. Quel est votre sentiment ?
Samuel Fenillat : "Le travail est cohérent depuis plusieurs années et porte ses fruits avec Denis Renaud. Ca bosse bien. C'est une bonne chose que Carquefou soit en National pour la région et pour la ligue. Je suis persuadé qu'ils sont capables de s'organiser pour exister en National. Et pour les avoir vus quelques fois cette saison, il y a une qualité de jeu. C'est exigeant sur toute une saison et difficile à maintenir. Il faut avoir les joueurs disponibles et capables de répondre à cela. Avoir un jeu de qualité, c'est exigeant et un travail de tous les jours."

Samuel Fenillat : "Je suis heureux d'avoir travaillé avec eux. En début d'année, j'avais insisté sur deux points : la compétence sportive et surtout, l'aspect humain. Tout le monde fonctionne bien ensemble. Ca vit bien et on le voit sur le terrain. La saison a été agréable avec une bonne ambiance. On a parfois des avis différents, mais chacun s'exprime et nous progressons. Pour Philippe (Mao, entraîneur des U19, ndlr), ce n'est jamais facile pour une première année. Il réalise une belle saison qui lance bien sa vie au club. J'ai également une pensée pour tous les dirigeants qui nous accompagnent chaque week-end. Ils sont importants pour les jeunes et dans la vie du club. Il y a un bon mélange de personnalités et une bonne osmose. C'est important pour bien se sentir au quotidien et venir avec le sourire, avec l'envie de donner et de s'investir pour le club."
Quel est à présent le programme ?
Samuel Fenillat : "La priorité pour certains est de bien préparer les examens. Il faut bien réviser. Et puis se changer les idées lors de la coupure. Les joueurs sont beaucoup sollicités toute l'année. Il faut profiter de la famille et recharger les batteries physiquement et mentalement pour bien aborder la reprise. Pour finir, j'ai une pensée pour Matthieu Bideau (cellule recrutement), qui vient d'être papa d'une petite fille, Jade, et pour Julien Le Pape (préparateur physique) également papa depuis hier d'une petite Louise. Toutes mes félicitations."

La joie des U19 Nationaux de Philippe Mao, troisièmes du Championnat de France 2011-2012, champions de leur groupe à l'issue de la saison régulière, et demi-finalistes de la Coupe Gambardella.
Par A.D.