29 mai 2019

''Tout le monde voulait aller au bout''

Pierre Aristouy - Bilan

Promu cette saison en National 2, le FC Nantes s'est hissé au sommet de son groupe au terme d'un match match remporté à domicile face au FC Mantois 78 (1-0). Une saison incroyable pour une première historique : jamais le club n'avait vu son équipe réserve décrocher cette place par le passé. Son effectif, l'état d'esprit des joueurs, les clés du succès et les futurs objectifs, Pierre Aristouy, l'entraîneur des Jaune et Vert, savoure et se confie.

Comment analyses-tu cette saison historique pour le Club ?

Pierre ARISTOUY : "On est rentré dans ce championnat de façon très prudente, avec beaucoup d'humilité. On savait que la dernière saison à ce niveau s'était soldée par une descente. En tout cas, on estimait que ce serait une saison difficile et ça l'a été, notamment sur la première partie de saison. Et puis ensuite sur la phase retour, il y a eu plein de choses positives qui sont installées."

Aujourd'hui, peut-on dire que les objectifs du début de saison ont été largement dépassés ?

"Les objectifs sont plus des leviers de motivation pour les joueurs. Je pense qu'il est nécessaire de leur en créer quand ils évoluent en réserve sinon, ça peut être assez monotone, surtout quand ils traversent une période où ils ne sont pas aspirés par le groupe du dessus. Il ne faut pas oublier que c'est ce qu'ils attendent au départ. Leur objectif premier, c'est celui-là. Il y a eu une période où cette aspiration vers le haut a été presque inexistante, que ce soit pour les matches et même lors des entraînements. Je me suis servi de ça pour aller chercher d'autres objectifs plus collectifs. Les joueurs se sont pris au jeu."

Quel a été l'état d'esprit de ce groupe tout au long de la saison ?

"J'ai senti un groupe de joueurs réceptif et impliqué dans la vie de tous les jours. Il y avait les résultats le week-end mais il y avait aussi vraiment plein de choses intéressantes qui se passaient la semaine. Il n'était pas rare par exemple, que les joueurs restent une heure, voire même une heure trente dans le vestiaire après les entraînements pour rester ensemble jouer aux cartes. Ce sont des signaux très positifs. Un joueur qui fait sa séance, qui prend sa douche et qui s'en va, là ça peut être perçu négativement. Quand l'inverse se produit, c'est souvent signe de la bonne santé d'une groupe."

Quelle a été la force principale de ton équipe ?

"Je pense qu'il n'y a pas eu une mais deux forces dans ce groupe. Premièrement, la qualité des joueurs. On peut créer un état d'esprit positif mais si sur le terrain il n'y a pas des garçons de qualité, ça reste compliqué. L'autre condition, c'est de bien vivre ensemble, de s'apprécier voire de s'aimer. Ça, c'est une vraie force. Pour moi, l'humain, c'est le plus important. Que ce soit les joueurs entre eux, le coach avec les joueurs, tout en gardant cette distance nécessaire... Ce qui est sûr, c'est que je ne force pas. Je suis exigeant, parfois dur mais aussi très proche de mon équipe."

En tout, trente-cinq joueurs sont passés sous tes ordres cette saison. Comment parvient-on à programmer un agenda en évolution permanente, d'une semaine à l'autre ?

"C'est principalement de l'adaptation. On essaie de mettre les joueurs dans les meilleures conditions, on les fait bien travailler. Évidemment que par rapport à un groupe où on aurait un effectif de 20-22 joueurs, toujours à nos côtés ou presque, il est plus difficile de mettre en place des principes de jeu, des combinaisons sur les coups de pied arrêtés... Par contre, il faut veiller à ce que lors de chaque entraînement, les joueurs soient bien pour performer le week-end.
Ensuite, pour pouvoir bien fonctionner avec tous ces joueurs différents, il faut énormément d'exigence et de gymnastique mentale de notre part. On ne va pas parler ou rigoler avec à un joueur, comme on va pouvoir le faire avec un autre. Il faut arriver à capter et à cerner les besoins particuliers. Pour ça, il faut de l’expérience en tant qu'entraîneur et il faut également, à mon avis, une expérience de joueur. Sans ce facteur, difficile de ressentir les états d'âme des garçons."

Malgré un onze de départ différent chaque week-end, comment parvient-on à maintenir une équipe totalement concernée par les matches à venir ?

"Je pense qu'il faut être juste et honnête. Il y a des choses que l'on voit tout au long de la semaine lors des entraînements. On doit notamment tenir compte de l'investissement de chacun d'entre eux. Ensuite, il y a ce cycle positif avec les succès qui forcément, en appellent d'autres. On parvient à en tirer beaucoup de choses : de la confiance, un dépassement de soi lorsqu’on est utilisé sur le terrain, une hausse de la qualité dans les séances... Grâce à tout ça, le niveau de tous les joueurs va vers le haut."

A quel moment de la saison l'équipe a-t-elle eu la sensation qu'elle pouvait faire quelque chose d'historique ?

"Je ne saurais pas vraiment dire à partir de quel instant précis, on s'est dit qu'on pouvait le faire. Je repense quand même à notre série de sept victoires de rang, entre la mi-février et la mi-avril et un total de douze matches sans défaite entre janvier et avril. C'est évident qu'en réalisant cela face à une grande partie du championnat, on a pu grimper vers les premières places. Après, jouer la place de leader, c'est venu très tard. Je dirais bien à trois, quatre journées de la fin. Ce que je dis souvent, c'est que si l'on veut jouer le haut de tableau, ça ne se gagne pas vers février et mars. Par contre, ça peut se perdre à cette période. Il faut arriver à être bien placé en avril.
Lors de notre défaite à Chartres (3-1, 27ème journée), je me suis dit que ça allait être compliqué parce qu'il ne restait plus que trois rencontres et qu'on n'avait plus notre destin en main. Mais je pense que le plus important, c'est de donner la sensation aux joueurs que nous, le staff, on est complètement convaincu qu'on va le faire. Je leur ai souvent dit : « Pourquoi pas nous ? Dîtes moi si un adversaire vous a paru très au-dessus... ». Ils se sont pris au jeu et malgré les absences du dernier match, tout le monde était là et tout le monde voulait aller au bout."

Les joueurs ont-ils gagné en maturité avec cette saison qui vient de s'écouler ?

"Aujourd'hui, la performance collective a servi à des jeunes comme Louza, Kolo Muani, ou Basila par exemple. Parfois, les joueurs sont en quête de lumière sur eux et adoptent un style individualiste. C'est pourtant tout le contraire qu'il faut faire mais ils n'ont pas forcément les armes pour le comprendre. On se doit donc de leur faire penser qu'en pratiquant un football en harmonie avec les autres, ça peut mettre en avant leurs propres qualités."

Quid de la saison prochaine et des objectifs fixés ?

"On est parfois exigeant avec les équipes qui ont gagné. Peut-être que cette année, il faut souligner tout ce qui a été réalisé. C'est lié à beaucoup de paramètres. Il y avait à mon sens, un effectif qui a été bien pensé, bien dessiné. L'alchimie entre les garçons plus expérimentés, dont certains avaient connu la descente il y a deux ans, ceux qui étaient en échec sur le début de leur jeune carrière et qui étaient revanchards, les jeunes U19 inspirés par tout ça... tout s'est bien goupillé. La structuration d'un effectif au départ est déterminante. L'an prochain, ce sera un tout nouveau cycle. D'une année à l'autre, on peut être en difficulté. On l'a vu, beaucoup de réserves professionnelles étaient en délicatesse cette année."

Sera-t-il possible de surfer sur la dynamique positive de cette fin de saison, pour entamer le nouvel exercice 2019-2020 ?

"Il y aura des joueurs qui seront avec nous l'an prochain et qui auront vécu tout ça. Eux, vont ressortir avec un plus. Cette aventure est en eux désormais. On sait ce qui a fait gagner le groupe et on pourra le transmettre aux jeunes qui vont arriver. Ça peut créer une autre vision de ce qu'est l'équipe réserve. Pour certains, parfois, c'est une étape où l'on ne veut surtout pas rester et vite rejoindre le groupe professionnel."

Par M.G


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