27 juin 2020

''Une vraie connexion avec Nantes''

Mario Yepes

Il n'a porté le maillot des Jaune et Vert que durant deux saisons et demi (janvier 2002 - juin 2004) mais son impact a été tel, qu'il a laissé un souvenir impérissable aux supporters nantais. À 44 ans, Mario Yepes poursuit aujourd'hui sa vie au cœur de sa Colombie natale. Celui qu'on surnomme "El Rey", "Super Mario" ou encore "Le capitaine éternel", est revenu sur son confinement, ses nouvelles responsabilités professionnelles, ses souvenirs au FC Nantes et sa - très belle - carrière en général. Entretien, pour ce nouvel épisode de notre série "Que deviens-tu ?".

Bonjour Mario, comment toi et tes proches allez-vous et comment la Colombie traverse-t-elle cette crise sanitaire qui perdure encore aujourd'hui ?

Mario YEPES : "Le confinement n'est toujours pas levé ici, en Colombie. Un confinement "obligatoire" a été mis en place il y a plus de deux mois, avant d'évoluer vers ce qu'ils appellent un confinement "intelligent". L'idée, c'était que les personnes peuvent sortir deux à trois fois par semaine, pour des raisons bien précises. Pour relancer l'activité économiques, certains lieux et certaines entreprises ont pu réouvrir. Me concernant, avec ma famille, nous avons bien respecté les consignes et nous sommes restés chez nous, à la maison. Sur le plan professionnel, j'ai beaucoup plus travaillé que d'habitude et le télétravail a été très important."

Aujourd'hui, que deviens-tu ?

"J'ai été nommé Directeur Sportif de la Fédération de Football Colombienne (FCF) en janvier dernier et je m'occupe principalement de la sélection A. Je suis également en charge de coordonner les différentes sélections nationales, d'établir les plannings en fonction des compétitions, d'apporter mon expérience en tant qu'ancien joueur professionnel et mon regard sur le football à la fédération. J'ai diverses missions et c'est très appréciable. Ce poste n'existait pas auparavant et je suis en lien avec les différents entraîneurs nationaux et la présidence de la fédération. Évidemment, le suivi des internationaux représente aussi un travail très important.
Nous avons donc beaucoup travaillé pendant ces derniers mois car normalement, les qualifications sud-américaines pour la Coupe du monde 2022 au Qatar débutaient en mars mais elles ont été retardées suite à la pandémie de la Covid-19. Il a fallu s'adapter. J'ai aussi profité de cette période d'arrêt des compétitions pour travailler sur la structuration de la partie sportive au sein de la FCF."

Le FC Nantes a marqué le début de ta carrière européenne. Pourquoi avais-tu choisi le projet nantais ?

" À mon arrivée, le Club avait été champion de France quelques mois auparavant et disputait la Ligue des Champions. Économiquement, ce n'était pas l'idéal en Argentine et le pays connaissait quelques difficultés donc j'ai souhaité partir de River Plate. Le projet sportif du FC Nantes était très intéressant et le Club m'a offert la possibilité de rejoindre l'Europe. Je suis donc arrivé à l'hiver 2002 et ça n'a pas été facile parce qu'il s'agissait d'un nouveau pays, d'une nouvelle culture et surtout, parce qu'il faisait très froid. Je m'en souviens encore (rires). Mais je suis très heureux d'avoir débuté mon parcours européen à Nantes."

L'adaptation a été express et tu t'es très vite imposé comme un maillon fort de l'équipe. As-tu des souvenirs de coéquipiers qui ont pris le temps de t'épauler ?

"Le groupe était facile à intégrer, qui plus est champion de France en titre. Malgré tout, l'équipe était dernière à la trêve hivernale ! C'était donc une situation complexe et il fallait sortir le FC Nantes de cette position, tout en jouant la Ligue des Champions. C'était très complexe d'associer les deux et de passer d'une compétition à une autre. Personnellement, j'ai pu compter sur Nestor Fabbri pour m'intégrer. Il était là et m'a beaucoup aidé, sur le terrain mais aussi en dehors, notamment avec la langue. Rapidement, les joueurs ont pu voir qu'ils pouvaient compter sur moi pour tout donner afin de s'échapper de la zone de relégation. Ça a aussi facilité mon intégration auprès de mes coéquipiers."

Quelques semaines après ta venue au FC Nantes, tu as disputé ton tout premier match de Ligue des Champions, à domicile, contre Manchester United… Qu'as-tu ressenti ?

"Jouer cette compétition, c'était magnifique. C'était encore plus difficile à l'époque parce que je me rappelle, la compétition se jouait en deux poules, avant d'aborder ensuite les matches à élimination directe. Notre deuxième tour n'avait pas été simple du tout avec le Bayern Munich, Manchester United et le Boavista Porto. Ça reste de très bons moments mais je pense que nous étions plus préoccupés par notre situation en championnat."

À titre personnel, tu te distinguais de par ta qualité technique. Est-ce que c'est le fait d'avoir longtemps joué comme attaquant qui t'a permis d'acquérir cette maîtrise du ballon ?

"J'ai essayé d'être propre (rires). C'est vrai que par le passé j'ai joué en attaque et je pense que c'était plus simple pour moi lorsque j'étais en défense, d'anticiper les gestes de l'avant-centre. J'ai gagné beaucoup de temps dans mon adaptation à ce poste très exigeant, qui demande une grande concertation."

Tu as aussi fait lever le public de La Beaujoire grâce à tes tacles toujours très propres et parfois salvateurs. J'imagine que c'est un geste que tu as dû beaucoup travailler pour le maîtriser !

"J'aimais le contact mais le contact propre. Je prenais du plaisir à intervenir dans la défense, toujours avec une bonne intention et sans aucune envie de faire mal à l'adversaire. Concernant les tacles, j'ai effectivement beaucoup travaillé. C'est quelque chose qui n'est pas simple à acquérir, pas vraiment naturel. Mais à force de s'entraîner et de jouer les rencontres, je savais parfaitement à quel moment je devais intervenir. Au FC Nantes, je n'ai pas souvenir d'un tacle ayant entraîné un penalty par exemple."

Quels souvenirs gardes-tu de ton passage à Nantes ? A-t-il été un vrai tremplin pour la suite de ta carrière ?

" Tout était très agréable à Nantes : la Jonelière, La Beaujoire, la ville dans son ensemble. J'avais une vraie connexion avec de Nantes. Tout s'est bien passé et j'étais ravi de mon expérience ici."

Après ton passage dans la Cité des ducs, tu es resté 4 ans au Paris Saint-Germain avant de rejoindre l'Italie et la Série A en 2009...

"Après Nantes, j'ai rejoint le Paris Saint-Germain, l'un des plus grands clubs français avec lequel j'ai remporté des trophées (deux Coupes de France - 05/06, 06/07 et une Coupe de la Ligue, 07/08, ndlr) et ensuite, j'ai découvert la Série A. C'est un championnat totalement différent. En France, l'aspect physique a une part dominante lors des matches alors qu'en Italie, la tactique est plus importante, tout comme le jeu technique. J'ai dû complètement changer ma manière de jouer et m'adapter au football italien. L'adaptation n'a pas été simple mais une fois que j'ai compris comment ce championnat fonctionnait, j'ai pris beaucoup de plaisir et c'est ce qui m'a permis de rejoindre le Milan AC et d'être champion d'Italie avec ce club historique, en 2010-2011. C'était une sensation magnifique."

La Ligue 1 a beaucoup évolué depuis ton passage et ton départ en 2008. Quel regard portes-tu sur ce championnat ?

"C'est un grand championnat. Certes, le Paris Saint-Germain domine assez largement cette ligue mais je suis encore les résultats, notamment ceux du FC Nantes. C'est compliqué pour toutes les autres formations de suivre le rythme imposé par le Paris SG aujourd'hui, tant la différence est importante. Les moyens financiers ne sont pas les mêmes pour tous.
Mais dans l'ensemble, ça reste un championnat très compétitif et il fait partie des 5 meilleurs du monde. Il est donc tout à fait normal que je m'y intéresse de très près."

Tu as mis un terme à ta carrière à la fin de la saison 2014-2015. Es-tu heureux de ce tout ce que tu as pu réaliser ?

"J'ai accompli une très longue carrière, jusqu'à mes 40 ans. J'ai terminé en jouant titulaire mon dernier match et ça, c'est très important. J'ai laissé la compétition derrière moi et non pas l'inverse. Je suis très heureux de mon parcours qui me correspond très bien et surtout, très fier de ce que j'ai pu accomplir sous les couleurs de la Colombie (102 sélections, 6 buts, capitaine lors du mondial 2014, ndlr)."

Tu as été l'un des chouchous de La Beaujoire durant ton passage. Saurais-tu expliquer pourquoi ?

"Je pense que je n'ai jamais triché et les gens ont apprécié la manière dont je me suis comporté sur le terrain. À chaque fois que je rentrais sur la pelouse, que je portais le maillot du FC Nantes, je faisais le maximum pour que l'équipe obtienne le meilleur résultat possible. Et ça, je pense que les supporters ont pu le voir. Ils connaissent le football. J'espère avoir rapidement l'occasion de revenir les saluer."

La Beaujoire, son ambiance unique. Quels souvenirs en gardes-tu ?

"Lorsque je jouais au FC Nantes, nous avions la chance de disputer toutes nos rencontres à guichets fermés. L'ambiance était très forte et les gens nous poussaient à nous dépasser. J'ai connu de très belles affiches à La Beaujoire et c'était un plaisir que de jouer dans ce stade."

As-tu un dernier mot à adresser aux supporters ?

"Je sais que beaucoup de gens continuent de me suivre en France et je tiens à les en remercier. J'espère pouvoir continuer là où je suis aujourd'hui et ce n'est que le début. La sélection colombienne se porte bien et de nombreuses personnes suivent les résultats de l'équipe nationale, notamment lors de tournois majeurs."

Par M.G


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