14 mai 2020

''Je me sens bien à Nantes''

Christian Gourcuff

Arrivé à quelques jours du début officiel de la saison 2019-2020, Christian Gourcuff a très rapidement pris ses marques à la tête de l'effectif professionnel du FC Nantes. Après la première partie d'interview hier, découvrez aujourd'hui le bilan de la saison dressé par le technicien nantais, les belles surprises de l'effectif, les secteurs de jeu à améliorer, le rôle de la formation au Club ainsi que ses envies pour l'exercice à venir !

Vous êtes arrivé à quelques jours du début officiel de la Ligue 1 Conforama. Dix mois après et même si la saison a été écourtée, quel bilan global dressez-vous ?

Christian GOURCUFF : "Le point le plus positif a vraiment été l'ambiance de travail et même plus généralement, l'ambiance tout court. Je me suis tout de suite très bien senti dans ce groupe de joueurs, avec le staff et dans le Club. Tout s'est fait sereinement, très naturellement aussi et en toute simplicité. C'est un point important car lorsqu'on prend du plaisir à se retrouver à l'entraînement, c'est une vraie garantie pour la qualité du travail.
Sur notre saison, la phase aller a été bonne, bien qu'il ait fallu moduler un petit peu. Le départ a été très bon, notamment sportivement. Les victoires étaient étriquées et on voyait bien qu'on n'avait pas une marge extraordinaire mais l'implication des garçons, leurs qualités et leur investissement permettaient d'engranger les succès. On peut quelque peu regretter ce manque d'efficacité qui ne nous a pas permis de prendre plus de confiance car toutes les rencontres étaient assez tendues jusqu'au coup de sifflet final. Après, il y a eu des absences suite à des blessures ou des suspensions ce qui a influé sur nos résultats et ce, dès la fin de première partie de saison.
Sur la partie retour, nous ne sommes pas parvenus à vraiment aller de l'avant. Il est évident que la perte de Fábio contre Monaco, alors qu'il réalisait un superbe début de saison, a été préjudiciable surtout que Dennis (Appiah) ou Charles (Traoré) ont également été touchés. Notre secteur défensif a été décimé et la blessure de Nico' Pallois, qui lui aussi était à son avantage cette saison, a encore plus impacté notre défense et l'équipe.
Il y eu des résultats décevants, je pense notamment au match contre Bordeaux (défaite 0-1), à l'élimination en Coupe de France contre Lyon (3-4), le match à domicile face à Metz qu'on ne gagne pas (0-0)… Tout ça fait que l'équipe n'a pas pu se placer plus haut au classement même si on a été capable de coups d'éclats comme à Saint-Étienne (0-2) et à Marseille (1-3)."

Vous avez rapidement fait confiance à certains éléments cette saison, parfois peu, voire pas expérimentés au haut niveau (Louza, Bamba), d'autres avec plus d'expérience (Simon, Girotto, Blas). Ce sont eux, les belles surprises de cet exercice 2019-2020 ?

"Dans la mesure où le club avait perdu des joueurs à l'intersaison, des jeunes ont eu l'opportunité de jouer. Certains l'ont saisie, d'autres moins malgré les absences. Mais la marche était peut-être un peu haute pour certains. La saison a révélé des talents. On pense évidemment à Imran Louza, à Kader Bamba qui a profité de l'espace de jeu qu'il a eu, ou encore Ludovic Blas qu'on avait recruté parce qu'on connaissait ses qualités - même si je pense qu'il peut faire une saison plus pleine que ce qu'il a fait - et Andrei (Girotto), pour qui ça a été un pari. Je ne le connaissais pas bien... je vois le premier match à Lille, je vois à la fois nos insuffisances dans la sortie du ballon et ce qu'Andrei peut nous apporter dans ce domaine, on a du monde au milieu avec Abdou Touré, Mehdi Abeid et Imran Louza... c'est un ensemble de choses qui amène cette réflexion. Et là, il se révèle. Et heureusement d'ailleurs ! Ça nous a permis d'avoir une saison relativement sereine avec des perspectives sereines pour l'avenir parce qu'Andrei est définitivement un défenseur central !"

Vous appréciez que l'équipe respecte ses principes de jeu, quelque soit l'adversaire. Souhaitez-vous voir cet aspect encore davantage marqué l'an prochain ?

"Bien sûr. C'est une question d'attitude avec beaucoup de rigueur dans l'application de ce qu'on cherche à faire. Et puis il faut la capacité à le faire. Contre Paris, on a cherché à jouer. Mais il y a un rapport de force qui nous impose d'avoir moins le ballon. Ce n'est pas voulu, mais il ne faut pas faire n'importe quoi et l'équipe doit rester organisée.
Il y a toujours ce qu'on veut faire et l'idée de jeu qui est ambitieuse et que j'espère plus constante la saison prochaine dans l'expression de notre jeu collectif. Après, il faut aussi de l'efficacité, pour la confiance. C'est un peu ce que je regrette sur la saison. On a rarement été tranquille dans les matches. Ça a toujours été tellement serré que l'équipe ne pouvait pas se lâcher. Il n'y a eu que le match de Coupe de la Ligue contre le Paris FC où on a vu une équipe qui s'est libérée. Quand vous menez de deux ou trois buts, vous vous lâchez dans le match mais vous emmagasinez aussi de la confiance pour les matches futurs. Ce problème d'efficacité nous a quand même un peu bridés dans l'expression du jeu."

C'est vraiment le secteur de jeu que vous souhaitez voir progresser ?

"Oui. Avec les joueurs de qualité qu'on a, le retour de Marcus Coco... on a un potentiel offensif qui n'est pas négligeable ! On l'a vu à Marseille, par exemple. On n'a pas dominé la partie de la tête et des épaules mais on a été sérieux avec la capacité de faire mal à l'adversaire. Ça aide pour obtenir des résultats."

La formation est chère à l'histoire du FC Nantes...

"Dans le contexte du foot actuel, un club comme Nantes doit s'appuyer sur sa formation. C'est un impératif. Et on l'a vu cette année avec l'éclosion d'Imran Louza. C'est un peu différent pour Kader Bamba, pour qui il s'agit plus de post-formation. C'est un impératif économique et très identitaire. Les supporters s'identifient plus facilement à des joueurs issus de la formation et ça permet de forger une identité club. J'en suis persuadé.
Pour le FC Nantes, c'est une réalité historique mais c'est aussi une nécessité économique. La formation doit participer au renforcement de l'équipe chaque année. L'idée, c'est d'intégrer chaque saison quelques jeunes. Il ne s'agit pas de les intégrer parce qu'ils sont jeunes, il faut qu'ils en aient la possibilité, même si certains atteignent la maturité nécessaire plus tard. Ce sont des recrutements supplémentaires, qui justifient d'avoir une formation et qui ont un coût moindre pour le club."

Vous êtes dans l'optimisation des ressources dont le club dispose...

"On est tellement dans l'éphémère qu'on a tendance à chercher ailleurs. Je fonctionne différemment. Le recrutement fait partie de mon boulot et on y réfléchit. Mais il ne faut pas se perdre en regardant toujours à l'extérieur. C'est aussi comme ça qu'on construit un groupe. Il faut en tirer la quintessence, permettre aux joueurs de progresser individuellement, trouver des complémentarités, de manière à avoir de la compétence collective.
Aujourd'hui, notamment avec des fenêtres de mercato très fréquentes, on est toujours en train de lorgner à droite et à gauche, au détriment du groupe qu'on a. Il faut investir dans ce qu'on a. Ça demande de la patience, du travail et du temps. Sinon, on n'est que dans l'éphémère. Ce que je regrette, c'est qu'on n'ait plus le temps pour investir dans le travail. Je me concentre sur mon groupe de joueurs. C'est comme ça que je vois les choses. C'est la même chose pour le staff. En arrivant, j'ai conservé le staff en place. Ça a fonctionné sur le plan relationnel et sur le plan du travail, en utilisant les compétences de chacun. C'est l'investissement dans le temps qui permet d'être performant."

Comment vous sentez-vous à Nantes ?

"Il y deux facteurs : je suis arrivé sans pression. J'ai été très bien accueilli - j'en ai même été surpris ! - avec beaucoup de sympathie. Après, je sais que c'est aussi lié aux résultats. Je me sens très bien dans une ville de foot, sans exubérance. Je suis très à l'aise dans le club.
Il y a parfois des clubs plus prestigieux qui ne m'intéressent pas parce qu'ils ne cadrent pas avec ma personnalité. Je me sens bien à Nantes où c'est assez harmonieux."

Comment vivez-vous l'atmosphère de La Beaujoire en étant présent sur le banc nantais ?

"Je suis venu souvent à La Beaujoire et j'avais toujours apprécié l'ambiance générale. Même si je venais comme adversaire, il y avait toujours le respect dans une ambiance chaleureuse et globalement de fair-play. Ça respire foot !
C'est comme ça que je le percevais avant, et c'est évidemment comme ça que je le perçois maintenant que je suis entraîneur du FC Nantes. Il y a des stades où il y a beaucoup d'hostilité et d'agressivité - et de plus en plus alors que c'est contraire à l'esprit du sport ! - alors qu'à Nantes, ça respire le foot, sans être idyllique. C'est comme ça que je conçois le foot."

Êtes-vous impatient de démarrer la nouvelle saison ?

"J'ai envie de retrouver les conditions d'avant, qu'on ait l'esprit consacré seulement au foot et à la préparation. S'entraîner avec quatre mètres d'écart entre chaque joueur, porter des masques... le foot, ce n'est pas ça ! C'est la joie de jouer, de prendre du plaisir. D'avoir des objectifs me motive et je me replonge dans la planification, la préparation, avec beaucoup d'enthousiasme. Mais il y a toujours l'incertitude qui concerne le "comment allons-nous reprendre ?".
Les matches amicaux sont aussi un moment important pour construire une équipe. Sera-t-on à huis clos ? Il y a beaucoup d'interrogations à lever."

Par M.G & FC


Partenaires Principaux
SYNERGIE
Macron

Partenaires Officiels
Groupe AFD
PROGINOV
LNA
Préservation du Patrimoine
Begreen
Groupe Millet
Anvolia
Crédit Mutuel
ZEbet
Leclerc Pôle Sud
Hellfest
Nantes Métropole
×