13 mai 2020

''Déçu de ne pas conclure la saison''

Christian Gourcuff

Arrivé quelques jours seulement avant le début officiel de la saison 2019-2020, Christian Gourcuff a très rapidement pris ses marques à la tête de l'effectif professionnel du FC Nantes. Dans cette première partie d'entretien, le technicien nantais évoque son confinement, l'arrêt prématuré de l'exercice 2019-2020 ainsi que la planification de la reprise avec en ligne de mire, le week-end du 22 et 23 août prochain, pour entamer la saison 2020-2021.

Coach, comment vous et vos proches allez-vous, au sortir de ce confinement ?

Christian GOURCUFF : "Mes proches et moi allons bien, merci. J'ai vécu le confinement dans des conditions un peu privilégiées, comme toute personne qui possède un peu d'espace. Après, évidemment que c'est pesant mais le principal, c'est que tout le monde soit en bonne santé."

Avez-vous eu le temps de faire certaines choses qui vous sont impossibles à réaliser lors d'une semaine type de compétition ?

"Au départ, j'ai pu classer des documents comme les séances d'entraînement, les statistiques des joueurs. Dans les quinze premiers jours, c'était très intéressant d'avoir le temps. Ensuite, ce qui s'est avéré pénible, c''est l'incertitude. On était constamment en train de mettre en place des planifications, qu'on devait refaire par la suite. D'un côté, les joueurs ont pu se maintenir physiquement et mentalement même si à chaque fois, au gré des annonces, on prenait un nouveau coup sur la tête. Il y a forcément une forme de démotivation lorsqu'il n'y a plus un objectif précis."

Au moment de l'interruption de la saison, vous évoquiez "une décision de bon sens". Était-ce également votre ressenti après l'arrêt définitif du championnat, fin avril ?

"Tout le monde s'exprime sur cette pandémie sans avoir véritablement de connaissances sur la situation. Les spécialistes de santé peuvent apprécier cette décision mais pas seulement car il y a d'autres aspects. Dans l'absolu, c'est arrivé assez soudainement. Je pense qu'il était nécessaire qu'on se donne le temps, qu'on gèle les choses tant que la situation sanitaire n'était pas satisfaisante. Après, dans le football, nous vivons dans des conditions très privilégiées donc nous aurions pu patienter davantage pour terminer la saison en cours. Personnellement, c'est une aberration totale de ne pas avoir été au bout de l'exercice en cours. Soit on pouvait reprendre, soit, comme j'avais pu le dire assez vite, on pouvait achever la saison à l'automne pour repartir sur un championnat basé sur l'année civile. L'opportunité nous était donnée de le faire mais ça posait sûrement des problèmes et il fallait prendre beaucoup de recul.
La vraie déception, c'est bien cette fin de saison anticipée. Je me mets à la place des Amiénois par exemple. Ils sont totalement lésés par une telle décision. Sportivement, prendre en compte un championnat qui n'a pas pu aboutir, ce n'est pas admissible."

Disputer une Ligue 1 Ă  22 formations, avec les 20 de cette saison plus les deux promus, ce ne serait pas quelque chose d'illogique selon vous ?

"J'évoquais précédemment les équipes reléguées mais c'est aussi valable pour les équipes du haut de tableau comme Lyon, Lille et d'autres. Nous aussi, dans une autre mesure, on se sent un peu lésé, notamment en ce qui concerne les droits télévisuels. On n'a jamais été 13ème du championnat durant la saison. Pourtant, à la suite de deux matches perdus devant Lille et à Angers, on est descendu à cette position. On pouvait supposer que si le virus était arrivé 15 jours ou 15 jours après, la situation aurait sans doute été différente. D'où ma stupéfaction sur les décisions sportives. Je pense également que chacun a vu ses intérêts dans la prise des décisions et dans ce cas précis, les instances n'ont pas joué leur rôle. Elles se doivent d'avoir une certaine hauteur de vue qu'elles n'ont pas eu. Le football est lié à un contexte international et l'UEFA par exemple, n'a pas du tout été à la hauteur, notamment sur les sorts des différents championnats. La situation est, à quelques différences près, partout la même en Europe ; pourtant, il n'y a pas eu une réponse identique pour l'ensemble des championnats."

Finalement, cette décision est-elle un poids en moins, notamment en matière d'organisation d'une éventuelle reprise de la saison ?

"Oui, bien sûr. À présent et même si nous n'avons pas de certitudes formelles concernant la saison prochaine, l'objectif de reprise du championnat est fixé au week-end du 22-23 août 2020. La planification des semaines à venir est basée sur cette date repère. Tout le monde a des objectifs d'ici là et c'est bien ça le plus important.

Les vacances, c'est aussi le moment de lâcher un peu…

"Les joueurs vont pouvoir récupérer lors de leurs trois semaines de vacances. C'est évidemment important d'apprécier cette période en ayant une date de reprise. Sans cette dernière, on était encore dans une phase expectative et ce n'était pas satisfaisant. Avoir ce repère de temps, c'est remotivant pour tout le monde. Maintenant, cette phase d'arrêt est nécessaire. Il y a des clubs qui continuent toujours de s'entraîner…
Les joueurs se sont bien entretenus durant ces deux mois. Étant en temps partiel, il ne s'agissait que de recommandations. Cette coupure va faire beaucoup de bien et l'idée, c'est qu'ils reviennent avec une vraie fraîcheur mentale et physique."

Vous avez fixé la reprise au 15 juin pour les joueurs. Pourquoi cette date et pourquoi serait-ce compliqué de reprendre après ?

"Plus la période d'arrêt est longue, plus la reprise est difficile et doit durer dans le temps. Au 15 juin, il se sera écoulé trois mois depuis l'arrêt du championnat, avant la journée prévue le 14 mars dernier face à Nîmes. C'est assez unique dans le football et ce n'est pas anodin. Si au 15 juin on doit encore différer la reprise, ça risque d'être problématique à tous points de vue."

Surtout qu'on le sait, les joueurs ont leur cycle journalier voire même annuel… Tout est similaire ou presque, d'une saison à l'autre !

"Tout à fait. On s'attend à vivre quelque chose d'assez nouveau dans la préparation, dans la réadaptation, en fonction des capacités à encaisser des uns et des autres. Tous n'ont pas les mêmes caractéristiques. Certains se remettent plus facilement dans l'activité, d'autres ont besoin de plus de temps. Après trois mois, il faudra s'adapter."

Si la date du 15 juin venait à se confirmer, avez-vous d'ores et déjà arrêté le programme de la préparation ?

"Oui, la planification est faite. Il y aura 15 jours de reprise individuelle, de renforcement, comme une avant-saison normale, début juin. Ensuite, au club, là-aussi durant 15 jours, il y aura une réadaptation par petits groupes pour retrouver les sensations avec le ballon, les appuis et surtout de la force afin d'éviter de potentielles blessures. La reprise doit être progressive.
Elle interviendra collectivement le 29 juin, avec une activité footballistique totale basée sur de la tactique, du jeu… En espérant que l'on puisse s'entraîner "normalement". Ensuite, on partira vraiment sur trois semaines de développement puis trois semaines plus spécifiques avec je l'espère, la possibilité de faire des matches amicaux. On conclura cette préparation par deux semaines axées sur la préparation de la compétition et notamment du premier match."

Suite de l'entretien sur fcnantes.com, ce jeudi 14 mai.

Par M.G & FC


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