Arrivé au FC Nantes en 2003 alors qu'il n'avait que 10 ans, Anthony Walongwa, 27 ans aujourd'hui, a pris part à ses derniers instants en jaune et vert la semaine passée. Pour fcnantes.com, le robuste défenseur central, toujours très professionnel et impliqué au quotidien, revient sur son parcours sous le maillot nantais. Lui qui a grandi ici à Nantes, verra toujours son club de cœur comme une "deuxième famille". Entretien.
Anthony, la semaine passée a marqué la fin de ton histoire avec les Jaune et Vert. Comment as-tu vécu ces derniers instants avec tes coéquipiers à l’entraînement ?
Anthony WALONGWA : "Ces moments ont été particuliers, c’est vrai. La semaine dernière, on a joué face au Paris FC pour notre dernier match de la saison et j’ai eu le droit à une haie d’honneur de la part de mes coéquipiers et du staff technique.
Concernant les dernières séances, on m’a un peu chambré que ce soit le staff de l’équipe ou le staff présent au Centre. J’ai vraiment compris que c’était la fin de l’aventure et c’est vrai que la sensation était étrange. Aujourd’hui j’ai 27 ans et j’ai joué 18 ans ici. J’ai passé plus de la moitié de ma vie au Club donc forcément, c’était riche en émotion."
Tu as effectué tes derniers pas sous la tunique nantaise au Stade Marcel-Saupin, face au Paris FC, lors d’un match amical samedi dernier. Comme un symbole, dans cette enceinte que tu connais par cœur !
"Bien sûr que le clin d’œil est sympa, parce que Marcel-Saupin veut dire beaucoup pour moi. Plus jeune, j’y jouais notamment l’AltantiQ Cup, dans ce stade qui a bien changé depuis aussi. Chaque année, j’ai vu l’évolution de cette enceinte qui parle à tous les Nantais. Terminer là -bas, qui plus est sur une victoire (2-0) avec le groupe qu’on avait cette année, c’était un super moment."
Tu as pris ta première licence au Club à l’âge de 10 ans, en 2003. Aujourd’hui, 18 ans plus tard, aurais-tu imaginé un seul instant vivre tout ce que tu as vécu ici ?
"Dès le plus jeune âge, les entraîneurs insistaient beaucoup sur le fait que dans chaque génération, le taux de réussite allait être très faible. Nous, on prenait ça à la rigolade mais finalement, aujourd’hui, de ma génération, il n’y que Nassim (Badri), moi et Jordan Veretout qui avons pu goûter aux joies du monde professionnel. Y parvenir dans ma ville de cœur, c’est une grande réussite et je dois beaucoup au club et aux différents staffs connus tout au long de mon parcours."
Anthony Walongwa, le bras dans le plâtre, a été Champion de France chez les benjamins avec le FC Nantes.
Tu as noué des amitiés très fortes au Club avec certains joueurs. Le FC Nantes, c’est comme une deuxième famille ?
"Bien sûr ! J’étais autant au club que près de ma famille. J’ai connu de nombreux déplacements depuis tout jeune et l’esprit de famille était percevable. Même si je suis Nantais d'origine, avec le travail effectué la semaine, je n’étais pas souvent chez moi. Oui, le FC Nantes est ma deuxième famille."
Concernant ton parcours, il y a cette anecdote assez sympa : tu as joué cinq éditions de la Coupe Gambardella ! Ce n’est pas donné à tout le monde…
"C’est vrai que ce n’est pas donné à tout le monde et je me suis pas mal fait chambrer à ce niveau-là . Quand je suis sorti de la préformation, j’ai directement rejoint les U19 ! Je me suis bien acclimaté grâce aux différents groupes. Lorsque je voyais les "grands" jouer, c’était impressionnant. Mais il a vite fallu se mettre dedans. J’ai notamment de très beaux souvenirs du parcours qui avait mené l’équipe jusqu’à la finale, au Stade de France (2009). Je n’étais pas du déplacement mais j’étais très fier d’avoir pu vivre tout cette aventure avec les gars en participant à plusieurs matches."
À 21 ans, tu signes ton premier contrat professionnel ici. Qu’avais-tu ressenti à ce moment précis, toi, le garçon du coin ?
"Je n’y croyais pas ! Au début, le football c’était plus un plaisir et je ne me prenais pas la tête avec ça. Mais plus le temps passait, plus je prenais conscience de la chance que j’avais d’être encore là . Je me suis juré de tout faire pour y arriver par la suite et je voyais que je progressais au quotidien. J’ai pris tout ça à cœur. Lorsqu’on m’a proposé mon premier contrat professionnel, c’était une grande fierté. Avec tout ce que j’ai pu connaître, pu vivre… C’était très fort. Signer là où j’ai grandi, j’ai vu ça comme un accomplissement. Mon papa, ce passionné de ballon rond et du FC Nantes, avec qui j’allais su Stade de La Beaujoire plus jeune, était même plus heureux que moi je crois (il sourit)."
Ta première titularisation arrivera en 16ème de finale de Coupe de France, contre le Club franciscain en 2015, avec un succès à la clé (4-0). Le souvenir est-il toujours intact ?
"Rien n’a bougé, tout est encore présent. On avait joué un club hiérarchiquement inférieur mais l’émotion d’être là , à la Beaujoire, devant autant de monde… C’était incroyable. J’étais bien encadré, notamment par Chaker Alhadhur, Maxime Dupé ou encore Jordan Veretout, avec qui j’ai évolué au Centre de formation. La cerise sur le gâteau, c’est cette victoire (4-0). Le plaisir était très fort."
Je garde également en mémoire, ma première en Ligue 1, là aussi à Nantes, face au Stade Malherbe de Caen (1-2, mai 2016). Il y avait beaucoup de monde dans le stade et je pense avoir mis plusieurs minutes à réaliser que j’étais là , présent sur la pelouse, surtout comme titulaire.
On se souvient également de ton dernier match avec l’effectif professionnel, devant le RC Strasbourg, à La Beaujoire, lors de la 38ème journée de L1 en mai 2019…
"J’étais très heureux de pouvoir être appelé pour disputer cette rencontre face à Strasbourg mais il faut se souvenir qu’on était aussi en course pour le titre du National 2, le lendemain, donc je n'ai pas pu disputer ce dernier match. Mais je me rappelle très bien de la joie finale et ce titre historique pour le FC Nantes. C'était fort.
Le coach Vahid Halilhodzic m’a convoqué pour me dire que j’allais commencer devant Strasbourg. C’était également les grands débuts en L1 pour plusieurs joueurs : Alex’ (Olliero), Imran (Louza), Elie (Youan). Un très bon souvenir malgré la défaite (0-1), dans une Beaujoire pleine ! C'est toujours aussi impressionnant."
Sur ces dernières saisons, tu as également connu de grandes joies avec l’effectif réserve, une équipe qui a toujours beaucoup compté sur toi et sur ton expérience...
"Oui, évidemment. Après, j’avais quand même une relation très, très particulière avec le coach Aristouy. J’étais assez proche de lui parce qu’il savait qu’il pouvait toujours compter sur moi comme son "relais" dans le groupe. Ce dernier était assez jeune et j’avais un peu plus d’expérience. On avait vraiment des facilités à se dire les choses avec le coach et sans me le dire vraiment, il m‘a confié pas mal de responsabilités. Honnêtement, on a passé de supers moments.
Je suis aussi très fier de pouvoir voir des joueurs comme Randal (Kolo Muani), Imran (Louza), Kader (Bamba), évoluer au plus haut niveau. On se dit que tout ce qu’on a pu vivre ensemble, tout ce qu’on a pu se dire les uns, les autres, c’est utile aujourd’hui. Cette année, il y également le "petit" Abdoulaye Sylla qui a fait sa rentrée. C’est une très bonne chose, vraiment. Voir l’évolution globale, c’est super. Même à titre personnel, ça me permet de développer de nouvelles qualités. C’est aussi pour cela que j’ai bien pris ce rôle-là ."
Malheureusement, cette dernière saison aura été très particulière, suite aux conditions sanitaires que l’on connaît…
"C’est sûr… Après, je relativise et je me dis, déjà , qu’on a eu cette chance de pouvoir continuer à jouer au football la semaine, à prendre du plaisir sur le terrain avec les séances. Rien que le fait de venir à la Jonelière, voir les amis, alors que certaines personnes étaient isolées chez elles… On prend conscience de la chance qu’on a. Mais évidemment que l’absence d’adrénaline le week-end en match, cette préparation mentale avant un match qui n’existait plus, ça fait quelque chose. On n’est pas habitué à ça."
Comment vois-tu l’avenir à présent ?
"Cette année, en plus de la N2, j’ai eu la chance d’intégrer à quelques reprises les entraînements du groupe professionnel. Ça m’a conforté dans l’idée que je pouvais continuer. Je suis persuadé que le manque de la compétition se ferait très vite ressentir et j’ai encore cette envie de jouer, au haut niveau. Je m’en sais capable. Je n’ai que 27 ans et j’évolue au poste de défenseur central, donc j’ai encore du temps devant moi (rire). Des contacts ? Oui, il y en a mais ce n’est pas encore très concret. Dans le football, tant que rien n’est signé, on ne peut pas vraiment se projeter.
Un rôle d’éducateur ? J’ai eu cette discussion avec Nassim Badri, gardien dans l’effectif réserve mais également entraîneur des gardiens au sein de l’Académie. Si je devais arriver à cette fonction, ce serait plus comme entraîneur adjoint. Être entraîneur, ça demande vraiment beaucoup de responsabilités et je me vois plus dans l’accompagnement d’une personne."
Le FC Nantes tient à remercier Anthony Walongwa pour sa fidélité au Club des bords de l’Erdre, son implication quotidienne et le professionnalisme dont il a fait part durant toutes ces années en jaune et vert. Le FC Nantes souhaite tout le meilleur à Anthony pour la suite !
Par M.G