24 janvier 2023

Mostafa Mohamed, plusieurs cordes Ă  son arc !

Groupe Pro

Prêté cette saison - avec option d’achat - au FC Nantes par le Galatasaray SK (Süper Lig – Turquie), Mostafa Mohamed s’affirme comme un attaquant complet, polyvalent et obnubilé par les filets adverses. À 25 ans, le puissant avant-centre des Jaune et Vert espère désormais passer un cap dans sa carrière en s’affirmant dans l’élite du football français et sur la scène européenne. Rencontre avec un garçon attachant.

Mostafa, quelle enfance as-tu connu en Égypte, au pied des célèbres pyramides de Gizeh ?

Mostafa MOHAMED : "J’ai connu une enfance classique, heureuse, au sein d’un foyer sain. Mes parents appartenaient plutôt à la classe modeste égyptienne et m’ont toujours inculqué l’importance de l’école, même si ce n’était pas ce que je préférais. Et petit à petit, après avoir commencé le football, j’ai compris que ce sport devait avoir une place bien plus importante dans ma vie."

Comment le football est-il entré dans ta vie ?

"Je suis tombé dans l’univers du football dès tout petit, en jouant dans la rue, comme beaucoup de jeunes égyptiens. Un jour, j’accompagnais mon père à son travail et on a vu que juste à côté, il y avait un club qui réalisait des détections. Mon père a pris rendez-vous. Tout s’est bien passé !"

Tu as été formé dans les rangs du Zamalek SC, l’un des clubs phares en Égypte. Quels souvenirs gardes-tu de ta formation ?

"Mon tout premier club, qui n’existe plus aujourd’hui, appartenait à l’époque à un groupement d’agriculteurs. À l’âge de 11 ans, j’ai en effet rejoint le Zamalek SC. Tout s’est bien passé, hormis peut-être le fait que mon tout premier entraîneur chez les jeunes me faisait jouer au poste d’arrière droit ! Ça m’a marqué (il sourit)."

C’est pourtant avec l'El Dakhleya FC (prêt, 2016-2017) que tu effectues tes débuts en professionnel. Un moment important de ta jeune carrière ?

"Durant ma formation, il fallait toujours faire ses preuves. C’est la culture inculquée par le Zamalek SC. Le club avait toujours cette idée d’envoyer ses jeunes joueurs dans d’autres équipes professionnelles pour apprendre. Oui, mon premier match dans le championnat professionnel égyptien fut un grand moment pour moi."

"Je savais que j’avais les qualités pour m’imposer au Zamalek SC"

Après un nouveau prêt au Tanta SC (2017-2018), tu brilles l’année suivante avec le Tala'ea El Geish (12 buts en 28 matches de championnat) !

"Avec le Tanta SC, j’ai marqué 6 buts sur mes 13 premiers matches, avant ensuite de me rompre les ligaments croisés du genou gauche lors de la phase retour. Une grave blessure qui m’a éloigné sept mois des terrains. L’année suivante, en effet, j’ai rejoint le Tala'ea El Geish. Sur mes 8 premières rencontres, je ne parvenais pas à marquer. Ça ne voulait pas rentrer, vraiment. Mais dès lors que j’ai trouvé la faille pour la première fois, tout s’est enchaîné très vite."

Une année majeure puisque tu effectues également tes premiers pas en sélection !

"Oui, j’ai même intégré la sélection nationale égyptienne alors que c’était loin d’être évident. Par tradition, les joueurs qui évoluent dans des clubs moins huppés où au sein des divisions inférieures, ne sont pas convoqués. Mais là, c’était une exception. Il y a ensuite eu la Coupe d’Afrique des Nations au pays, en Égypte. Je savais que ça allait être compliqué voire impossible d’être dans la liste finale. Cette dernière est sortie un matin et je jouais le soir même. J’ai marqué à deux reprises. Mes deux célébrations ? J’ai pleuré à chaque fois parce que je n’avais pas été retenu… J’étais déçu."

Tu saisis finalement cette possibilité d’un retour au Zamalek SC (2019) où tu te distingues aussi…

"Le club du Zamalek SC voulait encore me prêter. Mais cette fois-ci, je n’étais absolument pas d’accord. Je savais que j’avais le potentiel, les qualités pour performer et même m’imposer sur le front de l’attaque de ce club. Ce que j’ai fait ? J’ai éteint mon téléphone pour ne plus être joignable. Je ne voulais pu entendre parler d’un prêt, vraiment.
J’ai eu gain de cause (il sourit). Sur cette saison-là, j’ai inscrit 22 buts. Comme quoi parfois, la réussite ne tient pas à grand-chose."

Comment pourrais-tu décrire le championnat égyptien ?

"C’est un championnat dont le niveau est inférieur aux championnats européens, comme le championnat de France par exemple. Le professionnalisme n’est pas non plus le même au sein des clubs. Deux d’entre eux, de par leur puissance financière et leur structuration, se disputent chaque année le titre : l’Al Ahly SC et le Zamalek SC."

"Les supporters du Galatasaray SK ne vivent que pour le football"

L’année suivante, après quelques semaines de championnat, tu t’envoles pour la Turquie ! Comment as-tu vécu ce grand départ ?

"Ce départ n’a pas été évident, à cause de mon contrat. J’ai d’abord été sondé par l’AS Saint-Étienne mais un dirigeant de l’ASSE a évoqué sur une chaîne de la télévision égyptienne, qu’un membre du Zamalek SC demandait une commission sur mon transfert. Ça n’a pas plu du tout et les négociations ont été rompues.
J’avais également cette option avec le Galatasaray SK, après avoir joué quelques journées de championnat en Égypte. Mon rêve absolu, c’était d’intégrer un championnat de renom. C’était vraiment la première fois de ma vie, que je quittais mon pays…"

Tu connais d’ailleurs, des débuts canons avec le club stambouliote !

"Je suis arrivé le 1er février et dès le lendemain, on jouait contre le Istanbul Basaksehir FK. Je suis rentré en deuxième mi-temps et sur un penalty obtenu, les joueurs m’ont offert l’opportunité de marquer. Je l’ai transformé (succès 3-0). Quatre jours plus tard, on est allé défier le Fenerbahce SK. Ça faisait 18 ans que le Galatasaray SK ne l’avait plus emporté là-bas et sur ce match, j’ai marqué l’unique but de la rencontre (0-1). Au coup de sifflet final, c’était complètement fou. Arda Turan, légende du football turc, m’a même dit que j’allais être "le Roi d’Istanbul" avec cette réalisation ! En un mois, j’ai marqué 6 buts en 6 matches. Malheureusement, cette année-là, nous avons perdu le titre de Champion de Turquie pour un but au goal-average…"

Comment expliques-tu cette ferveur des supporters du Galatasaray SK ?

"C’est vrai qu’on a souvent l’habitude de voir des images des supporters qui attendent les joueurs à l’aéroport mais là, je suis arrivé durant la période du Covid-19. Donc c’était très calme. Mais sur les réseaux sociaux, c’était déjà de la folie. J’aimais vraiment l’ambiance du Nef Stadium et j’aurais aimé jouer tous les jours dans ce stade. La ferveur y est incroyable, c’est indescriptible. Les supporters ne vivent que pour leur club. Même Xavi, qui est récemment venu avec le FC Barcelone, était surpris de la ferveur dégagée."

À l’occasion de la saison 2021-2022, tu découvres les compétitions européennes (barrages C1 et Ligue Europa). Qu’est-ce que ça t’a apporté ?

"On n’a pas été à la hauteur devant le PSV Eindhoven (2ème tour – barrages C1 : défaite 5-1 à l’aller aux Pays-Bas, puis 1-2 en Turquie au match retour). Il y avait de la déception, même personnellement. J’ai vu la différence entre un solide championnat européen et ce qu’on pouvait montrer habituellement. J’ai ensuite connu la Ligue Europa et ça m’a permis de découvrir les stades européens, la façon de jouer et la ferveur. C’était une expérience très enrichissante."

"Mon premier but avec Nantes ? Une libération !"

Cet été, tu as rejoint la France et le FC Nantes. Comment s’est passée ton adaptation dans le groupe ?

"Je suis arrivé ici à Nantes, avec l’envie de franchir un nouveau cap dans ma carrière. L’accueil reçu par l’ensemble du Club, le personnel mais aussi mes coéquipiers, a été très bon. J’ai vraiment ressenti une bienveillance incroyable de la part de tout le monde. Je tiens à remercier le Président, Waldemar Kita ainsi que Franck Kita, le Directeur Général Délégué pour leur confiance au quotidien depuis mon arrivée."

Avec quels joueurs aimes-tu passer du temps ?

"Je m’entends très bien avec Moussa (Sissoko), avec qui l’affinité s’est installée très spontanément. On aime jouer ensemble au « Yalla Ludo » (Les petits chevaux). Je suis aussi proche de Pedro (Chirivella). L’ambiance dans le groupe est bonne et je parle également souvent avec Alban (Lafont) ou Ludo’ (Blas)."

Tu inscris ton premier but en jaune et vert le 28 août à La Beaujoire devant le Toulouse FC…

"Ce premier but m’a fait du bien ! Marquer rapidement après mon arrivée, qui plus est à domicile, ça m’a permis de prendre confiance et surtout de gagner un peu plus la confiance des supporters et de l’entraîneur. En quelque sorte, je l’ai vécu comme une libération. J’aurais même pu en marquer un deuxième je pense, mais Moses Simon me l’a volé (rire)…"

Avec à la clé, une célébration qui te colle à la peau ! D’où vient-elle ?

"C’est une référence à Robert Lewandowski et Sergio Ramos, qui parfois ont célébré de cette façon-là. J’ai bien aimé et donc je m’en suis inspiré pour ma célébration."

Parmi tes qualités offensives, il y a ton jeu de tête…

"C’est un don (il sourit). J’ai toujours aimé le jeu de tête, je le travaille aussi beaucoup. Lorsque le centre est bon, je me dois d’être présent à la réception pour m’imposer de la tête et tout faire pour marquer."

Autre facette de ton jeu, ta générosité dans les efforts défensifs…

"C’est naturel parce que selon moi, un attaquant se doit d’aider ses coéquipiers dans le travail défensif en étant le premier défenseur. Je m’efforce de le faire parce que c’est une évidence. L’idée, c’est que l’équipe soit bien en bloc, défende ensemble et presse l’adversaire collectivement. Donc on a tous besoin de fournir ces efforts."

"J’ai été élevé dans le refus de la défaite"

Parle-nous également ce ton côté caractériel, sûrement dû à ce refus permanent de la défaite…

"C’est tout à fait ça, j’ai horreur de perdre. Lorsque j’étais plus jeune au Zamalek SC, on nous inculquait le refus de la défaite. Je sais aussi que si on perd, mon père n’est pas bien. Ma famille, aussi, déteste la défaite. J’ai été élevé comme ça. Mais je sais que la défaite peut être constructive et qu’il y a toujours quelque chose à en retenir. C’est également ce qui me fait avancer."

Aujourd’hui, avec un peu plus de recul, comment pourrais-tu définir la Ligue 1 ?

"C’est un bon championnat, avec des équipes compétitives. Toutes les formations défendent très bien et il est difficile de se démarquer. Oui, la Ligue 1 est un championnat relevé, avec des joueurs de talent, dans lequel je continue d’apprendre. J’aime aussi l’ambiance qui se dégage dans certains stades, dont La Beaujoire évidemment."

Cette saison le FC Nantes a retrouvé la Coupe d’Europe avec notamment, des ambiances incroyables à domicile. Quel regard portes-tu sur le parcours réalisé jusqu’ici ?

"Je me souviendrai toujours de ce premier match européen avec le FC Nantes, devant l’Olympiakos FC. C’était exceptionnel, quelque chose de grandiose ! S’imposer en toute fin de match, c’était la libération. Je revois encore le coach courir sur le terrain (il sourit). Ensuite, on s’incline lourdement à Bakou (3-0), avant d’enchaîner deux défaites face au SC Fribourg (2-0, 0-4). Mais lors du match retour devant le Qarabag FK, on arrive à arracher le succès dans les derniers instants (2-1). Ce soir-là, j’ai dit à mon frère qu’on avait le potentiel pour aller plus loin dans la compétition. Et ça s’est confirmé ensuite avec cette victoire à l’Olympiakos FC (0-2), qui est venue récompenser tous les efforts fournis dans cette compétition."

Désormais, la Juventus va se dresser devant vous…

"Évidemment que ce sera une très grande double confrontation. Après, ils ne sont pas forcément au mieux cette saison. En ce qui nous concerne, on sait jouer les grands matches et on l’a prouvé. Il faudra vraiment se donner une chance en allant chercher un bon match à l’aller, là-bas, pour s’offrir un match retour dans une grande ambiance devant nos supporters. Je suis convaincu qu’on est capable de le faire !"

"La relation avec mon fils est très fusionnelle"

Que penses-tu de l’ambiance qui se dégage de La Beaujoire ?

"Ce que je trouve fascinant, c’est que le Stade de La Beaujoire est à l’opposé de la ville (il sourit). La ville est calme alors que lorsqu’on joue, le stade est en fusion ! J’aime beaucoup l’ambiance mise par les supporters. Ils nous poussent à nous surpasser."

International égyptien (21 sélections), tu as notamment joué la dernière Coupe d’Afrique des Nations et cette finale perdue face au Sénégal. Quel est ton objectif en sélection ?

"L’objectif, c’est la prochaine Coupe d’Afrique des Nations qui se disputera en Côte d'Ivoire (janvier-février 2024). Selon moi, un pays comme l’Égypte doit remporter la CAN au moins une fois tous les dix ans.
Il y aura également les qualifications pour la Coupe du Monde 2026 (États-Unis, Canada, Mexique, juin - juillet 2026). À la suite de la nouvelle réforme (48 sélections présentes), le continent africain possèdera 9 sélections directement qualifiées. L’Égypte ne peut pas se permettre de ne pas y être."

Mohamed Salah est-il une source d’inspiration pour toi ?

"C’est une fierté que de pouvoir évoluer à ses côtés. Tout le peuple égyptien est ravi de pouvoir compter sur un joueur comme lui dans la sélection. C’est une personne simple et c’est un honneur pour moi d’évoluer à ses côtés."

Sur le plan plus personnel, tu es aussi un jeune papa ! En quoi la naissance de ton fils a-t-il changé l’homme que tu es ?

"Oday est la plus belle chose qui me soit arrivée. C’est toute ma vie. J’étais malheureux lorsque je le voyais rentrer et que je devais le ramener à l’aéroport. Aujourd’hui, j’ai la chance qu’il soit là avec ma femme. Ils sont venus me rejoindre en France et ça m’a apporté beaucoup de joie et de sérénité. Notre relation est très fusionnelle et j’aime passer du temps avec lui. Un jour, j’espère le voir jouer au football et pourquoi pas suivre le même itinéraire que son papa (il sourit)."

Nantes, la ville idéale pour s’épanouir en famille ?

"Oui, Nantes est une ville avec beaucoup de tranquillité et j’aime ça. Lorsque je me promène dans la rue, on ne me dérange pas et on me laisse me promener en famille. Après, ce n’est pas possible de comparer avec des villes comme Le Caire (plus de 21 millions d’habitants) et Istanbul (près de 16 millions d’habitants). Mais Nantes est une ville où il fait bon vivre."

As-tu un dernier mot pour les supporters ?

"Leur soutien à chaque match est toujours un vrai plus pour l’équipe et il nous permet de nous surpasser. À l’occasion du dernier match face à Auxerre, l’absence des supporters ultras s’est fait ressentir. Un match de foot n’a pas la même saveur sans eux. Alors pour ça, merci et on compte sur tout notre public pour continuer à nous encourager sur la deuxième partie de saison !"

Par M.G avec Z.H


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