13 septembre 2023

''Je suis baigné dans le football depuis tout petit''

Quentin Merlin

Arrivé en U11 au FC Nantes, Quentin Merlin a gravi les échelons de la formation les uns après les autres, jusqu’à s’imposer aujourd’hui au sein de l’effectif professionnel des Jaune et Vert. Pas le plus grand ni le plus talentueux lorsqu’il était tout jeune mais toujours à l’écoute et désireux d’en faire plus au fil des années, le numéro 29 du FCN a saisi l’importance des sacrifices au quotidien. Aujourd’hui plus qu’épanoui dans ce qui est son métier, il revêt la tunique nantaise à chaque rencontre avec l’idée d’enchanter les supporters. Entretien.

Quentin, le jeu de mot avec "l’enchanteur" est facile mais n’y a-t-il pas une petite part de magie dans ce que tu vis aujourd’hui ?

Quentin MERLIN : "Bien sûr que c’est magique. Je joue dans mon club formateur, mon club de cœur et ce n’est pas donné à tout le monde. C’est aussi le fruit du travail. Je pense qu’il y a un peu de magie mais également des sacrifices."

Tout ça n’aurait peut-être pu jamais avoir lieu… Les allers-retours trois fois par semaine entre la Côte de Jade et la Jonelière ont finalement eu raison de ton premier passage ici (juillet 2012-août 2013)...

"Je suivais le FC Nantes depuis tout petit, bien avant de prendre une licence au FC Nantes. J’étais épanoui de venir m’entraîner ici mais le plus compliqué, c’était pour l’organisation familiale. Avec un petit frère et une petite sœur, ce n’était pas évident pour mes parents. Malgré tout, ils ont toujours tout fait pour moi. Je ne ressentais pas la fatigue des voyages parce que j’étais heureux. Mais ça bouleversait le quotidien de toute la famille et donc, d’un commun accord entre nous et avec le club, on a décidé de rester en contact."

Malgré tout, durant tes deux ans au Pôle Espoirs de Saint-Sébastien, le lien n’a jamais été rompu…

"Oui, même sous licence avec le Pornic Foot et mon passage au Pôle, on arrivait tout de même à faire en sorte que je vienne m’entraîner une fois tous les quinze jours avec les joueurs de ma génération. Je faisais aussi les tournois en tant que joueur extérieur (3 par saison) et donc on a toujours gardé le lien effectivement. Le FC Nantes appréciait le jeune homme que j’étais et ce que je pouvais montrer sur le terrain."

"Il y a un très bon centre de formation ici à Nantes"

"Pas le plus costaud ni le plus talentueux mais sûrement l’un de ceux le plus à l’écoute", les mots d’Alban Berthelot ton premier entraîneur au FCN… Tu confirmes ?

"Je n’étais pas en effet le plus talentueux, en plus d’être très, très, très réservé (il sourit). J’étais souvent dans mon petit coin mais à l’écoute et je travaillais. J’apprenais énormément en observant, qui plus est certains coéquipiers plus doués. J’apprenais aussi en écoutant les conseils des entraîneurs. L’idée, c’était de tout mettre ça en action dans la foulée."

Se faire violence, c’était ça le "nouveau" Quentin Merlin de retour au FC Nantes ?

"À Pornic, je jouais en faisant le strict nécessaire. À mon entrée au Pôle Espoirs, j’ai gardé cette attitude, qui n’est pas la bonne mais qui fonctionnait encore. Un jour, le coach Franck Maufay m’a dit : "Si tu veux devenir un grand joueur, cours. Même si tu es moins lucide, il faut te faire violence et répéter les efforts à haute intensité". Je l’ai écouté, j’ai fait plus et ça a payé. Au fur et à mesure des saisons, j’ai gagné en volume de jeu. Aujourd’hui encore, lorsque je m’entraîne, j’essaie de me donner au maximum et j’ai ce besoin de me sentir fatigué après une séance."

Tu connais ta première grande émotion avec les Jaune et Vert en 2019, avec ce titre de Champion de France U17 et surtout, cette invincibilité sur toute une saison !

"Il y quelques semaines, je suis retombé sur des souvenirs avec des photos et des vidéos de ce moment. Ça reste des souvenirs incroyables, avec seulement deux matches nuls et que des victoires. Ce n’est pas anodin et ça montre que le groupe vivait parfaitement ensemble. En cours de saison, j’ai intégré les U19 Nationaux. Je me tenais toujours au courant des résultats, je m’entraînais aussi parfois avec eux. J’ai tout de même pu revenir sur la phase finale et on a vécu quelque chose de très fort, notamment en finale à Andrézieux devant le LOSC (6-3) ! On était heureux de rapporter un trophée au Club, à l’Académie et je vois aujourd’hui que ce titre en appelé d’autres avec les deux sacres de rang des U19 Nationaux sur les deux dernières saison. Oui, il y a un très bon centre de formation ici à Nantes et des joueurs de qualité, très à l’écoute."

On dit aussi de toi que tu es un "mordu de football". On aurait presque envie de dire heureusement avec le métier que tu fais mais penses-tu que ça a pu faire la différence ?

"Sincèrement, je suis baigné dans le football depuis tout petit. C’est devenu au fil du temps, une obsession. Dès que je voyais mes amis, c’était toujours pour faire un foot. Même aujourd’hui, certains diront peut-être que je suis fou mais quand je rentre chez moi, je ne regarde que football. J’aime ce que je fais et lorsque j’évoque des sacrifices, je ne perçois pas ça de la sorte. Je m’implique à fond, je m’oblige par plaisir. Tout le monde dans mon entourage comprend aujourd’hui parce qu’ils savent que c’est un métier compliqué."

"Fouler la pelouse de La Beaujoire, c’est unique"

Tu effectues tes grands débuts avec l’équipe première en Coupe de France, un après-midi de février à La Beaujoire, face au RC Lens (saison 20-21)…

"Oui, il y avait notre entrée en lice en Coupe de France et le coach Domenech m’a pris dans le groupe. J’ai découvert quelque chose de tout nouveau pour moi et j’étais un peu dans le flou avec la mise au vert, l’hôtel… J’étais à l’écoute de tout le monde. Je suis rentré à la mi-temps de ce match comme milieu axial et ça s’est plutôt bien passé pour moi. Malgré la défaite et un stade vide, fouler la pelouse de La Beaujoire ça reste unique."

L’année suivante, à Monaco, tu effectues tes premiers pas en Ligue 1 Uber Eats. Ça signifiait quoi pour toi, ces débuts dans l’élite ?

"J’ai ressenti une grande joie, l’aboutissement de ce dont je rêvais mais j’avais conscience que ce n’était qu’un début. L’idée, c’était de pouvoir grappiller des minutes sur les matches suivants et qu’à la fin de la saison, je puisse aussi m’imposer tout en gagnant en expérience."

En novembre 2021 au Parc des Princes, tu rentres à l’heure de jeu en tant que latéral gauche… Comment l’idée a-t-elle germé ?

"Avant cette rencontre, il y avait une trêve internationale et au poste de latéral gauche, il y avait Charles Traoré (parti en sélection) et parfois Fabio, qui pouvait jouer dans les deux couloirs. Sur les oppositions, il fallait un joueur qui compense. Le coach Kombouaré m’a positionné ici et je me suis tout de suite bien senti. Le coach a apprécié ce qu’il a vu. On a discuté ensemble de tout ça et sincèrement, je ne pensais pas que j’allais rentrer à ce poste à Paris. Quand je suis rentré, il restait du temps et j’étais surpris mais aussi dans l’euphorie. Il y avait cette insouciance. Je savais que j’étais là, au Parc des Princes mais à la fois ailleurs dans mon esprit. J’ai respecté les principes de jeu et ça s’est plutôt bien passé personnellement avec une passe décisive pour Randal (Kolo Muani), même s’il y a eu une défaite à la clé. Ça été le point de départ de tout ce qu’il s’est passé ensuite…"

Comment as-tu travaillé sur ce poste qui n’était pas celui auquel tu avais été formé durant toutes ces années ici ?

"Avec le staff technique, on a beaucoup travaillé en vidéo par rapport au placement, l’anticipation des courses, l’alignement avec la ligne défensive, … Quand je voyais tout ce qu’il y avait à assimiler en peu de temps, ça me semblait compliqué ! Si on perd un ballon dans cette zone, c’est pratiquement une action de but à ce niveau-là. Il faut être vigilant. Ça restait un défi, un challenge et j’étais prêt à travailler sur ça pour le relever et aider l’équipe car c’était avant tout, pour ça. Je pense que ça s’est plutôt bien passé. Il y avait des lacunes défensives au départ, c’est sûr mais petit à petit, j’étais bien mieux. J’ai pris goût à défendre, à tout donner pour ne pas encaisser de but et penser ensuite, à me projeter offensivement pour apporter du soutien aux milieux et aux offensifs."

"Après le but face à Paris, j’étais ailleurs"

C’est aussi face à cette même équipe du Paris SG que tu débloques, en février 2022, ton compteur en professionnel et de quelle manière !

"Je jouais latéral gauche et en y repensant, je ne sais pas pourquoi je me suis retrouvé à l’entrée de la surface, côté droit, presque comme un numéro 10 (rires). Osman (Bukari) va fixer et je crie pour qu’il me voie. Quand j’ai le ballon, c’est l’insouciance qui parle. Je ne vais pas mentir, je ne visais pas un endroit précis du but. J’ai vu le ballon partir dans la lucarne et les filets qui tremblent. J’étais dans un rêve, le stade qui se lève et Moses (Simon) qui me dit : "vas-y, saute !". J’ai sauté, j’étais ailleurs et même gêné d’avoir marqué avec la sensation que ça procure. Ce n’était pas une célébration très naturelle mais ce but restera à jamais gravé en moi !"

Les émotions décuplées, ce fut aussi le cas quelques mois après en Coupe de France avec ce sacre, au Stade de France !

"Ça ne faisait que six mois que j’avais commencé en professionnel et me voilà rendu à disputer une finale de Coupe de France, dans un stade qui a vu passer de telles légendes du football. J’avais à cœur de la jouer pleinement et de m’épanouir sur le terrain. Pouvoir ramener un trophée à son club formateur pour sa première saison, c’était grandiose. Ça voulait aussi dire une place directe en Ligue Europa, l’une des plus belles compétions des clubs dans le monde. Franchement, je ne m’attendais pas à vivre tout ça. Mais mentalement il faut se préparer et je suis aussi un joueur avec de l’ambition."

Justement, cette découverte de la Coupe d’Europe, ce parcours… qu’en retiens-tu ?

"Les soirs européens, qui plus est et surtout à La Beaujoire… Waouh ! Plus jeune, je n’ai pas eu la chance d’aller voir d’affiches européennes ici à Nantes. Quand mon grand-père me disait que l’ambiance était totalement différente qu’un match de championnat… Après notre premier match devant l’Olympiakos (2-1), je l’ai appelé et je lui ai dit que c’était un truc de fou ! Tout le stade, dans son intégralité, était debout. Je souhaite à tous les joueurs de vivre ça une fois dans sa vie. J’avais l’impression d’être à un concert, avec des chants en permanence et une telle puissance du public…"

"Je rĂŞve de participer au JO en France !"

Quel regard portes-tu justement sur ce public nantais, exigeant mais tellement passionné ?

"C’est LE 12ème Homme et il n’y pas beaucoup de clubs qui possèdent des supporters qui montrent autant d’attachement à leur équipe, qui sont aussi puissants dans leurs chants et aussi fans de leurs joueurs. Nous, on a vraiment envie de leur rendre tout l’amour que donnent ces gens, avec tout ce que ça implique, que ce soit sur le plan logistique mais aussi financier."

Ta saison passée a malheureusement été marquée par ta première "grosse blessure" en janvier, devant Lyon. Comme as-tu vécu cette période, loin des terrains ?

"En vrai, ça a été hyper difficile à vivre. Je suis resté trois mois loin des terrains, j’ai dû me faire opérer et je ne pouvais quasiment plus bouger de chez moi. Je me morfondais sur moi-même. Mais à la fin de toute cette période, j’ai acquis beaucoup de choses. J’ai travaillé sur d’autres aspects, en salle notamment. J’ai aussi amélioré la partie liée mon sommeil et mon alimentation. Je pense que ma blessure n’était pas anodine non plus. Même si ce n’était pas lié qu’à ça, je n’ai peut-être pas tout fait correctement."

Tu es revenu en avril, pour une fin de saison avec la finale de Coupe de France et un maintien a assuré… Qu’as-tu ressenti ?

"J’ai essayé d’apporter un maximum de choses positives au groupe à mon retour. Au départ, les sensations n’étaient pas au top et je n’étais pas à 100% pour enchaîner les matches. Je suis rentré sur la finale mais il a fallu attendre le match à Lille (J37) pour que je joue vraiment sans la moindre douleur. On a su se battre ensemble pour décrocher le maintien, qui était la priorité du Club. Malgré une saison compliquée, l’essentiel était là et on va tout faire pour ne plus revivre ça."

Tu as connu toutes les sélections chez les jeunes jusqu’aux Espoirs. La prochain grosse échéance, ce sont les Jeux Olympiques en France, fin juillet 2024…

"C’est un objectif que je peux qualifier de "primordial". J’aurais aimé faire l’Euro Espoirs l’été dernier mais je me suis blessé face à Angers (J38) et ça a été dur à accepter. Là, les Jeux Olympiques, c’est un objectif à long terme parce qu’il faut d’abord vivre la saison en cours, aider le Club à se maintenir et être performant pour croire à une participation aux JO à Paris. Les vivre en France, ça ne peut être que beau ! Oui, c’est un rêve."

La Ligue 1 est passée à 18. Quel regard portes-tu sur ce championnat qui semble être de plus en plus exigeant ?

"La Ligue 1 est en effet bien plus exigeante, beaucoup plus relevée chaque saison. Il y a vraiment de très bonnes équipes. Ce sera une saison très difficile mais il faudra se maintenir le plus rapidement possible, prendre des points à La Beaujoire avec l’aide de notre public. À l’extérieur, il faudra aussi être capable de grappiller des points importants. L’idée, c’est quand même de vivre une saison plus saine, que les supporters prennent du plaisir et que l’on vive dans une atmosphère positive."

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