Beaujoire : la pelouse fait peau neuve !

La pelouse de la Beaujoire bénéficie-t-elle d'une approche particulière ?
Michel Ripoche : "Il s'agit de l'une des surfaces les plus prestigieuses que nous ayons à entretenir. Nous y prêtons beaucoup d'attention et de minutie. On choisit l'ensemble de nos intrants : espèces de gazons, de fertilisations et les matériels. Ces techniques restent très spécifiques. La Beaujoire dispose d'une surface, type "Grassmaster" (pelouse naturelle mêlée de fibres synthétiques, ndlr). On ne peut pas exercer n'importe quelles prestations. On tient compte de la réaction du sol, de l'humidité… Il faut sans cesse se remettre en question."

On imagine votre satisfaction au terme de la saison. L'aire de jeu a été irréprochable pour chacun des événements sportifs…
Michel Ripoche : "Au mois de mai, nous arrivons toujours à avoir un beau gazon. Il y a de la chaleur, de l'humidité donc elle pousse ! Les points les plus critiques sont au coeur de l'hiver : il faut livrer une surface jouable au FC Nantes. On se doit d'être irréprochable, qu'il pleuve, neige ou gèle comme cette année où nous avons chauffé et bâché. Nous souhaitons que les événements sportifs puissent se dérouler normalement."

Pourquoi la pelouse fait-elle l'objet d'un entretien aussi important ?
Michel Ripoche : "La pousse du gazon crée une accumulation de matière organique à la surface du sol. En schématisant, cette accumulation retient l'eau en surface, comme une éponge. Elle nous gêne l'hiver car le terrain met beaucoup de temps à se ré-essuyer. Et ceci malgré le fait que le substrat soit très perméable. Le but est de retirer toute cette matière organique de surface pour retomber sur le sol de création très sableux et perméable. Il faut ensuite remettre des espèces de graminées adaptées à "installation" rapide pour que l'aire de jeu soit jouable début août pour la reprise."

Quel est le processus à suivre pour retrouver une belle surface de jeu ?
Michel Ripoche : "Nous scalpons la pelouse sur trois/quatre centimètres avant de balayer pour remonter les fibres synthétiques du "Grassmaster". Nous allons également faire un apport de sable conséquent pour combler les manques du gazon. Et puis nous allons décompacter en faisant environ 200 trous au mètre carré pour souffler le sable. Nous engazonnerons ensuite à très forte densité. Dans deux mois le terrain doit être jouable. Il faut y arriver par tous les moyens. Une partie importante de la réussite du travail revient au suivi de l'équipe emmenée par Pascal Robin. Il y a notamment une maintenance journalière de l'arrosage, une fertilisation très poussée et adaptée à la reprise du terrain, et puis des tontes régulières et successives. Avec le site de la Jonelière, trois à quatre personnes oeuvrent sur les terrains."

Les terrains naturels du Centre Sportif de la Jonelière font également l'objet d'un entretien. Une nouvelle aire de jeu est même en création…
Michel Ripoche : "Oui, les infrastructures de la "fosse" (photo ci-contre) sont améliorées avec la pose d'une surface synthétique nouvelle génération de manière à offrir une aire de jeu supplémentaire pour l'équipe. La hauteur des fibres est plus longue avec différentes nuances de remplissage. C'est un nouveau produit. Il est à l'essai et le FC Nantes va en bénéficier en primeur. Nous allons suivre cela de près, avec le ressenti des professionnels et pouvoir comparer avec les autres surfaces. Il y a aussi, comme tous les ans, un entretien important sur les quatre surfaces naturelles de la Jonelière. Le but est de se projeter vers la prochaine saison avec l'objectif que la surface tienne bien l'hiver. C'est notre souci premier : il faut anticiper pour devancer les problèmes lors des saisons un peu plus difficiles."

Etes-vous plus inquiet lorsque les rugbymen foulent vos terrains ?
Michel Ripoche : "Non, pas forcément ! C'est un sport différent. Et le jeu est bien réparti. Les rugbymen utilisent mieux la surface de jeu. Mais c'est certain qu'une mêlée entraine des contraintes complètement différentes. Ceci-dit elles sont ponctuelles et localisées. L'approche du gazon est différente."

Certains clubs européens de premier rang sollicitent les services de jardiniers anglais. Quel est votre avis à ce sujet ?
Michel Ripoche : "Oui, il y a pas mal de communication à ce sujet. Chaque club a surtout son style et son type d'entretien. Chez nous, les personnes ne sont pas à remettre en cause. Et c'est l'essentiel ! Après, chacun voit midi à sa porte. De toute manière, les budgets sont différents, et avec l'argent il est possible d'arriver à tout… C'est aussi simple que ça !"