Face aux médias, Raymond Domenech est revenu ce vendredi sur sa méthode de travail (séances vidéo, échanges réguliers avec les joueurs, mise en place tactique), ses idées de jeu, ainsi que ce nouveau rendez-vous à venir face au Montpellier HSC. Le coach nantais fait le point, à un peu plus de 24 heures de cette rencontre prévue samedi soir (21h) sur la pelouse du club héraultais.
LE POINT SANTÉ
Raymond DOMENECH : "Moses Simon s'est blessé ce matin (entorse) et ne sera pas donc pas du déplacement demain. Renaud (Emond) aussi (cheville), mais il sera bien présent dans le groupe. On verra comment ça évoluera demain. En ce qui concerne Jean-Kévin Augustin, il a pris part à une moitié de séance collectivement, puis l'autre individuellement. Anthony Limbombe s'est bien entraîné hier. Il est un peu court mais on fera étape par étape. Il revient en bonne santé, c'est l'essentiel."
LA MISE EN PLACE DES SÉANCES VIDÉO
"Dans le sport actuel, les moyens techniques pour filmer les séances, les matches, sont essentiels. Se voir, savoir ce qu'on fait, c'est important. Quand on montre une image, tout est très clair. On leur montre de bonnes choses et puis ce qu'il faut améliorer. Au début, j'ai fait long mais petit à petit on va raccourcir. Aujourd'hui, il faut mettre en place des choses pour que qu'elles soient bien ancrées dans les têtes de tout le monde. Ce qui revient ? C'est ce que j'ai dit dès le départ : on voit que les joueurs sont plein de bonne volonté mais cette dernière est un peu éparpillée. Donc il faut reconstituer les liens entre les uns et les autres. La vidéo ? Je m'en servais pas mal même quand j'étais entraîneur à Lyon, avec quelques séquences. Là , avec plus de moyens, on peut le faire plus vite mais aussi plus en profondeur. Les entraîneurs aiment s'appuyer sur ça. Je ne filme pas toutes les séances mais dès qu'il y a de la tactique, oui. Sinon, je préfère regarder ce qu'il se passe pour vivre les choses, les corriger en direct. Avec un match tous les trois jours, ça peut faire beaucoup de séances mais on s'adapte."
DES SÉANCES QUI SE RÉPÈTENT ?
"L'idée, c'est de répéter les choses mais sous des formes différentes, afin que les message soit bien compris, pour que tout le monde puise bien absorber ce qu'on veut faire passer. Je n'ai pas un éventail très grand. Je resserre un petit peu sur certains aspects, positifs ou négatifs, pour que les joueurs comprennent que c'est bien "ça" qu'on veut."
LE PLUS IMPORTANT ?
"Ce qui compte pour moi sur les séances, c'est de voir ce qu'on a amené en peu de temps pour construire quelque chose et s'offrir des opportunités."
LE MONTPELLIER HSC
"On aura affaire à une équipe du niveau de Rennes. Il faut être organisé, solidaire, ne pas se désunir. Je pense que même que par rapport à Rennes, ils ont des arguments offensifs plus forts, avec plus de monde. Il faudra donc se montrer encore plus vigilant sur la solidarité défensive. Sans oublier qu'on défend mieux lorsqu'on a le ballon. Car il n'y a pas à défendre (il sourit)."
MICHEL DER ZAKARIAN
"Avec Michel (Der Zakarian), on se connaît bien. Il est actif au syndicat des entraîneurs. C'est quelqu'un qui répond toujours lorsqu'on le sollicite. Je sais que son équipe va lui ressembler : elle est dynamique, sait aller au combat. De ce côté-là , il n'y a pas de souci. On sait ce qui nous attend."
ENTRE ANCIENS DÉFENSEURS, UN MATCH FERMÉ ?
"En général, ce que les défenseurs n'ont pas su faire, ils essaient de le faire faire aux autres. Et j'ai connu des entraîneurs attaquants, qui ne pensaient qu'à défendre et qui ne voulaient pas prendre de but. Il n'y a pas d'obligation d'un côté ou de l'autre."
QUELLES INSPIRATIONS AVEC CE FC NANTES ?
"Je veux vraiment rassurer les joueurs sur leurs qualités. Qu'ils arrivent à se prouver eux-mêmes qu'ils ont le niveau pour être bien en place en L1, sans souffrir toute la saison. C'est à eux de retrouver cette confiance. Quand on les prend un par un, le niveau, ils l'ont. C'est une équipe qui a largement le potentiel mais il ne suffit pas de le dire, il faut aussi le montrer tous ensemble."
DANS LE JEU ?
"Il faut être capable de s'adapter à ce qu'il est en train de se passer. C'est facile de dire : "on veut le ballon". Tout le monde veut le ballon, la possession. Mais quand on ne l'a pas, que fait-on ? Quand on récupère le ballon, comment l'utilise-t-on ? Ça fait aussi partie des éléments du jeu. Il ne suffit pas de dire : "on récupère, on tape devant et on court". Ce n'est pas ça. Parfois l'adversaire laisse le ballon, parfois il presse. C'est cette intelligence de jeu qui fait qu'on doit s'adapter, en gardant notre identité et en montrant qu'on est capable de proposer quelque chose et de l'obliger à s'adapter à nous. Il faut qu'on puisse imposer quelque chose à notre adversaire, sans attendre de voir ce qu'il fait, puis de réagir."
SON ÉQUIPE
"J'ai une équipe avec des joueurs intelligents, combatifs et qui ont envie de faire quelque chose. On va construire pour ça, pour qu'on développe cette capacité à s'adapter à toutes les situations. Je pars aussi du principe que tout le monde a envie d'avancer, de progresser, de découvrir de nouvelles choses. Je suis un optimiste naturel et donc je pars toujours de ce principe-là ."
IMPOSER QUOI À L'ADVERSAIRE ?
"Être capable de garder le ballon, de l'amener dans la moitié de terrain de l'adversaire. Mais le garder pour le garder. Il faut qu'on puisse changer de rythme, accélérer et poser des problèmes. L'identité, ce sera celle que l'équipe pourra mettre en place. "
KALIFA COULIBALY
"Pour moi, c'est un élément important oui. Il pèse sur les défenses, sait se replacer. Maintenant, ce but de la tête il faut qu'il nous le mette ! C'est un profil particulier, c'est une denrée rare et on a de la chance de l'avoir. Kalifa (Coulibaly) a cette capacité à garder le ballon, à faire des courses, des appels, à travailler. C'est un profil intéressant et on va prouver qu'il est aussi fait pour s'entendre avec Randal Kolo Muani. Les joueurs de qualité sont adaptables et je pense qu'ils ont commencé. Ça me paraît être sur la bonne voie."
INSISTER SUR LA CONFIANCE...
"Ça fait suite à un bilan du potentiel des joueurs, pour se demander : quelles qualités ont-ils ? Quelles compétences ont-ils ? L'idée, c'est de les aider à s'épanouir. Ça part d'un bilan, net, clair et j'ai envie que les joueurs prouvent qu'ils peuvent y arriver. À moi, à tout le monde et à eux-mêmes, déjà pour commencer."
LE MERCATO ?
"Pour moi et tous les entraîneurs vous le diront, le Mercato, c'est une plaie. On casse le groupe en ramenant des joueurs qui ne jouaient pas ailleurs, qui ne sont pas forcément au-dessus. Le Mercato pour faire venir quelqu'un qui est très au-dessus, c'est bien. Mais je suis très réservé sur cette période."
GIANNELLI IMBULA
"Je n'ai pas encore décidé. Il a un vrai potentiel, se montre intéressant mais je n'ai pas encore pris ma décision. J'ai quelques jours pour la deadline. J'en ai discuté avec le Président mais ce qui compte, c'est ce que je vais dire. C'est ça qui est essentiel. Giannelli (Imbula), ce n'est pas un profil "poste", c'est un profil "joueur". C'est un joueur qui vient dans un groupe."
LA BAISSE DES SALAIRES DANS LE FOOTBALL FRANÇAIS
"On est dans une situation compliquée. À un moment donné, tout le monde devra faire des efforts, c'est évident. Mais la discussion se fera avec les joueurs. Parce que l'incidence les concerne. Ils ont des représentants avec l'UNFP et c'est à eux de répondre. Pour les entraîneurs, c'est plus au cas par cas. Il y a tellement de variations entre les salaires d'entraîneurs qui possèdent des statuts différents, que c'est du ponctuel. Chaque club discutera avec son entraîneur et l'UNECATEF ne prendra pas position par rapport à ça. C'est un dossier qui concerne l'UNFP. Mon salaire il y a 27 ans ? C'était en franc (rires)."
L'ÉVOLUTION DE L'ARGENT DANS LE FOOTBALL
"C'est comme ça. Il y a eu une inflation des droits TV, une inflation du sponsoring, tout va de pair. Il y a eu une inflation économique de notre sport. Personnellement, la seule chose que je regrette c'est qu'on ne voit pas de règles communes avec tous les pays européens et que la répartition des droits TV ne soit pas commune à tous. Ça instaure des déséquilibres.
Quand un club du championnat anglais peut payer un joueur qui sort d'un centre de formation dix fois ce qu'un club qui l'a formé pendant des années, peut faire, il y a quelque chose d'anormal. Et c'est ce qui a permis cette inflation. Des clubs "moyens" de Premier League puissent s'acheter ces joueurs dont on n'était sûr de rien à l'époque, à des tarifs qui ont fait tout monter. Alors pour les garder, l'inflation n'a fait que grandir. Je suis pour la mutualisation de tout. On est un football européen, il faut qu'on soit sur le même pied d'égalité. Mais là on ne l'est pas.
Je suis aussi pour l'abolition des transferts aussi. Il y une mécanique d'engrenage des salaires qui n'est pas bonne. On signe deux ans, on signe deux ans. On s'en va."
LA COUPE DE FRANCE
"Pour moi, sans les clubs amateurs, ça s'appelle une Coupe de la Ligue. La saveur de la Coupe de France, ce sont les "petits" clubs, le foot de la base, pouvoir se rencontrer, jouer les uns contre les autres, rêver. C'est ce qui fait le succès de cette compétition. C'est indéniable. On est dans une situation particulière où il faudra trouver des solutions. On peut le regretter mais je rêve de retrouver des spectateurs, une vraie Coupe de France et un championnat où tout le monde partira à égalité tous les ans. Il faut la jouer cette année la Coupe de France ! Pour les clubs professionnels aussi, ça permet aussi de se tester et d'avoir un vrai suspense."
Montpellier HSC - FC Nantes
19ème journée de Ligue 1 Uber Eats
Samedi 9 janvier 2021, 21h
Stade de la Mosson
Par M.G & J.J