🎥 ''Se rassurer et retrouver du plaisir''

Vous avez donné quelques jours à vos joueurs...

Vahid Halilhodzic : C'était presque une obligation. Le groupe était vraiment au bout du rouleau, psychologiquement et physiquement. Après tout ce qu'on a vécu, le voyage à Monaco a été la cerise sur le gâteau. On a repris le travail et c'était meilleur. J'ai même entendu la musique dans le vestiaire. Le retour à la vie normale arrive. Mais tout ce qui s'est passé depuis le 1er janvier 2019, c'est incroyable !

Retrouvez-vous le niveau d'exigence ?

Vahid Halilhodzic : Hier, j'ai commencé à crier un peu quand on a travaillé la tactique. On a travaillé beaucoup tactiquement. On démarre à nouveau, on est tombés assez bas. Il faut secouer un peu pour retrouver notre chemin.

Vous retrouvez Bordeaux...

Vahid Halilhodzic : On avait presque oublié ce premier mauvais souvenir. Je n'aurais jamais pensé avoir cette situation en arrivant à Nantes. Je savais un peu comment remonter tout ça. Mais après le 1er janvier, beaucoup de choses nous ont fait retomber assez bas.

Il faut rebondir...

Vahid Halilhodzic : C'est encore plus difficile que la première fois. Je ne suis pas sûr que tout le monde ait la force mentale pour se re-mobiliser, faire son mea culpa... il faut retrouver cette rage, cette culture de la gagne que je voulais ré-installer. Il faut être encore plus exigeant. Il y a surtout de la frustration sur les résultats. On perd cinq matches 1-0. Cela aurait pu être complètement différent... on perd au moins 10 points. On parlait d'Europe à un moment donné, les discussions sont bien différentes maintenant. Mais on a encore un challenge intéressant avec la Coupe de France. Ca peut donner un peu d'oxygène, du positif. Ca a été une période assez difficile. Ce côté humain, je n'avais jamais vécu ça dans ma carrière.

Le groupe en a-t-il resserré les liens de la solidarité ?

Vahid Halilhodzic : J'ai demandé au staff mais aussi aux joueurs et à l'ensemble du club de faire l'union sacrée pour passer ces moments délicats.

La notion de plaisir est-elle encore là ?

Vahid Halilhodzic : J'ai eu une vie assez difficile à certains moments. Je suis costaud. Je peux être déprimé, malheureux, pendant une journée. Mais dès le lendemain, j'ai une force qui me pousse. Surtout quand tu es responsable. J'ai toujours l'envie de gagner, le travail... je suis passionné de ça ! Il y a cette passion et le sens des responsabilités que je dois transmettre. Parce que tout seul, tu ne peux pas. L'ambiance est pas mal. Entre joueurs, il n'y a pas de problèmes. Mais la période était difficile. On travaillait, mais je voyais à leur tête qu'ils n'étaient pas là. La jeunesse a besoin de joie et de légèreté. Ca plus les mauvais résultats, ça a pu contribuer. Et je dois toujours rester derrière et positiver. J'ai une dette et un attachement vis-à-vis de ce club. Et puis il y a eu des gens pour me pousser et m'encourager.

Nantes a du mal dans les derbys depuis quelques saisons...

Vahid Halilhodzic : Ce n'est pas le derby des années 80 et 90. Mais c'est toujours un derby. Il y a cette rivalité. Mais contre Rennes, les garçons étaient très motivés pour gagner ce match.
Bordeaux est aussi en difficultés en ce moment. On a besoin de cette victoire pour se rassurer et retrouver du plaisir, travailler ensemble. Il y a quelque chose qui peut nous pousser à faire les sacrifices sur le terrain. Ce sera un match assez difficile. Il faut que le cerveau et le coeur soient dans la même disposition.
On est tous frustrés sportivement. On est peut-être passé à côté de quelque chose de nettement mieux.

Vous regrettez cette rivalité ?

Vahid Halilhodzic : Il y a cette rivalité. Mais le niveau n'est plus le même. Les stades étaient pleins, Nantes et Bordeaux étaient deux des meilleures équipes. Ils ont joué une demi-finale de Champions' League. Ce n'est plus le même niveau aujourd'hui. C'était vraiment un derby ! Je me souviens que là-bas, ils avaient comparé les vins de Nantes et Bordeaux !

A l'aller, vous aviez été dépassé...

Vahid Halilhodzic : Ce ne sera pas le même match. J'avais été surpris par beaucoup de choses. Je ne pense pas que ça puisse être la même chose aujourd'hui. Bordeaux a quelques garçons dribbleurs qui peuvent nous faire mal. Il faudra faire attention. Mais ce ne sera pas la même chose. On est mieux, surtout sur le plan physique.

Le calendrier est compliqué...

Vahid Halilhodzic : C'est vrai, on a un calendrier difficile. Il faut ramasser le plus de points possibles le plus vite possible. Nantes n'est pas habitué à se battre pour le maintien. Ce n'est pas l'esprit qu'ont certaines équipes qui sont toujours dans cette situation. J'ai dit à mes joueurs que quand on ne peut pas gagner, il ne faut pas perdre. Malheureusement, dans certains matches, on n'a pas su le faire.

Il y aura aussi la volonté de se rassurer à la Beaujoire...

Vahid Halilhodzic : On a fait quelques bons matches. Même la première mi-temps face à Nîmes !
Mais même quand on gagnait, je disais "attention, on est fragile !". J'ai demandé aux garçons de montrer du caractère. Les leaders doivent crier, encourager. Il faut analyser pour ne pas refaire les mêmes erreurs.