27 décembre 2021

🎥 ''Un hĂ©ritage lourd Ă  porter mais il faut l'assumer''

Antoine Kombouaré (Ep. 2/2)

À l'occasion du grand retour de FC Nantes Magazine, Antoine Kombouaré s'est longuement confié sur les temps forts de sa carrière de joueur, ainsi que sur ses années comme entraîneur au plus haut niveau.

Dans ce deuxième épisode, le technicien nantais revient sur son virage pris comme entraîneur. La pression quotidienne, son unique expérience hors de France, son retour ici à Nantes trente-et-un ans après son départ en tant que joueur, la fin de saison passée, la délivrance face à Toulouse, cette nouvelle année sportive 21-22, ses ambitions... Il se livre.


Après votre carrière de joueur, vous avez entamé un nouveau virage avec le souhait de devenir entraîneur. Racontez-nous comment cela s’est réalisé…

Antoine KOMBOUARÉ : "Contrairement à beaucoup de joueurs, j’ai toujours pensé qu’il fallait continuer à travailler. Surtout vu les salaires de l’époque, il fallait une occupation. Dans mon esprit, j’ai toujours aimé transmettre et m’occuper des jeunes. À mon arrivée au Paris SG, à 26 ans, je me suis lancé dans les formations, les premiers diplômes à Clairefontaine, … L’idée, c’était de partager du temps avec les plus jeunes. C’est ce qui me plaisait le plus."

Comment vivez-vous cette pression quotidienne qui pèse sur les épaules d’un entraîneur de football et est-elle si différente de celle des joueurs ?

"Le plus beau métier du monde, sans hésiter, c’est d’être joueur professionnel ! Vous jouez, on vous propose chaque jour de nouvelles séances et vous n’avez qu’à faire ce qu’on vous demande. Aujourd’hui, je suis passé de l’autre côté de la barrière en tant qu’entraîneur. C’est un métier prenant, excitant. En ce qui me concerne, c’était la suite logique de ce que j’ai fait en tant que joueur. Je me plais à le faire, je suis passionné par mon métier. La pression ? Elle est différente, bien sûr. On est responsable des résultats de l’équipe première. J’ai une mission, c’est de mener à bien le Club, et les résultats de l’équipe doivent être les meilleurs. Lorsque ça ne se passe pas bien, je suis le premier responsable et j’assume ça tranquillement. Sûrement parce que j’ai plus de « bouteille ». Je le vis mieux aussi, même si ce n’est pas toujours facile."

Vous n’avez pour l’heure, connu qu’une seule expérience à l’étranger (Al Hilal – Arabie Saoudite, juin 2012- janvier 2013) en tant que coach. L’étranger, c’est un souhait futur ?

"Étonnamment, je ne choisis pas. Je n’ai pas été carriériste parce que sinon, j’aurais fait d’autres choix à certains moments. Je suis un homme de rencontres, de voyages. Je n’ai jamais eu d’agent par exemple et je me suis toujours laissé guider en fonction des personnes, du ressenti et des affinités avec les gens. Pour l’instant, ça ne m’a pas trop mal réussi. Bien sûr que certaines personnes ont pu rêver plus grand pour moi mais je suis très heureux de mon parcours et j’ai vécu des moments forts dans chaque club où je suis passé. Je n’ai toujours gardé que le positif de toutes mes expériences.
En Arabie Saoudite, rien n’était facile pour mon épouse alors que pour moi, j’ai vécu une très belle expérience de vie. Si je dois retourner là-bas ou ailleurs, je suis prêt. Lorsqu’on est entraîneur, la valise est toujours prête. À l’heure actuelle, je suis vraiment très heureux ici à Nantes. Surtout heureux de vivre cette aventure dans le club qui m’a formé et qui m’a fait devenir qui je suis. Je crois que c’est ça le plus beau cadeau."



"En tant qu’entraîneur du FC Nantes, je pense à mes aînés"



Votre retour au FC Nantes s’effectue à la mi-février 2021, alors que le Club est dans une situation plus que délicate. Quelle est votre première réaction lorsque le Président vous contacte ?

"Le Président m’avait déjà contacté par le passé mais j’avais toujours honoré d’autres sollicitations. Cette fois-ci, lorsque le Club me sollicite en février, je suis surpris. L’entraîneur en place a récemment été nommé mais l’équipe est en grande difficulté. Pour être honnête, au départ, je ne suis pas partant. Il fallait aller vite. La nuit a été très compliquée.
En toute humilité, l’idée, c’était de me dire : « le Club a fait ce que je suis. Comme faire pour le lui rendre, pour l’aider ? ». L’occasion, c’était maintenant. Il ne fallait pas hésiter. C’était un peu un pari fou. Je l’ai fait et je suis un entraîneur mais avant tout, un homme heureux. Heureux d’avoir contribué à sauver le Club. Aujourd’hui, je suis reparti sur un autre projet : maintenir le FC Nantes en Ligue 1 et c’est ce qui me guide au quotidien. Quand j’entraîne ce Club, je pense à mes aînés. Je ne me compare pas à eux mais je pense à Coco Suaudeau, qui est le maître absolu pour moi. Je pense aussi à Raynald Denoueix, Robert Budzynski, à Monsieur Zaetta. Je n’ai pas le droit de décevoir ces gens-là. J’ai également eu la chance de connaître Monsieur Louis Fonteneau. C’était un Président exceptionnel. L’héritage est lourd à porter mais il faut assumer."

À votre arrivée, quels sont vos premiers mots pour les joueurs, vos premières constatations sur le terrain ?

"Le premier sentiment que j’ai, c’est qu’il faut remettre de l’ordre. Remettre un peu de discipline et redonner confiance aux joueurs. Face à un groupe qui est en difficulté et qui est en crise de résultats, il faut donner confiance. Après, vous avez vu que c’était de bons joueurs parce qu’on a pris 21 points en 14 matches. Ce qui est énorme. Je m’étais dit qu’avec 38 points à l’issue de la saison on se maintiendrait. Mais avec 40 points, on a été obligé de passer par les barrages. Petite confession : si j’avais su qu’il fallait 40 points, peut-être que je ne serais pas venu… (il sourit). On s’est maintenu ensuite. Bravo aux gens du Club pour leur soutien, bravo aux supporters et merci pour tous les témoignages, les encouragements reçus et surtout, bravo aux joueurs. On n’a fait que les accompagner et ce sont eux, qui ont tout donné sur le terrain."

L’équipe s’offre une « finale », face au MHSC (J38). Malheureusement, elle s’incline. Quels sont vos mots à l’issue de cette rencontre ?

"Dès mon arrivée, lors de ma toute première intervention, j’avais insisté sur le fait de ne pas penser aux vacances parce qu’on visait les barrages. J’étais conscient qu’il fallait se préparer à passer par là pour se sauver. Entre-temps, on a fait un très beau parcours et avec un nul contre Montpellier, on pouvait se maintenir directement. Malgré la défaite, on avait fait un très beau match. On s’était appuyé sur le fait que, si on continuait à jouer comme ça, ça passerait. Il y a eu une petite déception mais on s’est vite remobilisé. Même si ça a été dans la souffrance, on a fait ce qu’il fallait."

Il y a cette délivrance après le match retour à La Beaujoire face à Toulouse. Quel a été votre premier sentiment au coup de sifflet final ?

"Le premier sentiment, c’est le soulagement. Je me sens libéré d’un poids que j’ai sur les épaules avec toutes les responsabilités que cela incombe. Je ne pouvais pas laisser mon club de cœur, descendre en Ligue 2. Je n’ai jamais imaginé ça et c’est pour ça que tout le monde a mis son énergie pour se battre jusqu’au bout. Une immense libération. Voir tous ces gens heureux… Je sais pourquoi je fais ce métier. Je répète souvent aux joueurs qu’ils n’imaginent pas la chance qu’ils ont. Ils arrivent à partager des émotions avec des gens qu’ils ne connaissent pas."

Il n’y pas eu beaucoup de mouvements lors du mercato estival 2021. C’était important pour vous d’avoir de la stabilité afin d’écrire une nouvelle histoire lors de cette nouvelle saison sportive ?

"Pour avoir discuté avec le Président, je savais que le Club était en difficulté financière. L’idée, en ce qui me concerne, c’était surtout de garder nos joueurs et si possible, les meilleurs éléments. On n’a pas fait mieux.
C’est pour ça qu’ensuite, on s’est tourné vers des joueurs libres, en prêt ou en fin de contrat. De pouvoir conserver nos meilleurs joueurs, c’était un cadeau de la part du Président. Il y a eu de grandes discussions, pas toujours faciles mais le principal c’est d’avoir pu garder cette ossature. Maintenant, comme j’ai dit aux joueurs, il n’y a plus d’excuse. On est tous responsable et il faut être capable d’aller chercher ce maintien avec plus d’aisance."



"Les gens paient pour voir un spectacle et les joueurs doivent en avoir conscience"



D’une manière générale, l’équipe ose davantage cette saison et produit du jeu. Pour vous, seul le jeu peut permettre d’aller chercher les trois points de la victoire ?

"Il n’y a pas d’autres moyens pour gagner des matches. Alors ça peut arriver une fois mais sur la durée, ça ne fonctionne pas. Et puis il y a également cette notion de plaisir qu’on donne à nos supporters. La notion de spectacle est présente et les gens paient pour ça. Les joueurs doivent comprendre que lorsqu’on est sur un terrain, on doit tout faire pour qu’au coup de sifflet final, les supporters repartent en ayant pris du plaisir à voir évoluer leur équipe. Et ce, peu importe le résultat. Il peut y avoir de la déception si le résultat n’est pas là mais l’idée, c’est vraiment d’aimer voir l’équipe s’exprimer par le jeu. À titre personnel, j’ai toujours été un défenseur contrarié. J’aimais défendre mais surtout, j’aimais marquer ! Et j’ai gardé ça. Parfois ça me joue des tours mais ce n’est pas grave."

La Coupe d’Afrique des Nations se tiendra du 9 janvier au 6 février 2022. De nombreux joueurs nantais risquent d’être concernés par cette compétition…

"Je ne crains pas cette période parce qu’on est préparé à ça. On a anticipé et s’il faut ajuster, et on en a déjà discuté avec le Président, on essaiera. Mais c’est sûr que ce sera un handicap. Ce qui est rassurant, c’est que nous ne serons pas les seuls concernés en France. Des joueurs importants vont partir et j’espère que leur absence ne pénalisera pas l’équipe et qu’elle ne sera pas trop longue. Je me projette sur un maximum de trois, quatre matches sans ces joueurs. Il faudra être capable de faire des résultats avec l’ensemble de notre effectif. Ceux qui auront la chance de jouer devront la saisir et maintenir l’équipe à un niveau performant."

Auriez-vous un dernier mot pour l’ensemble des amoureux du FC Nantes ?

"Merci pour le soutien apporté quotidiennement, c’est très important. J’ai envie qu’ils soient toujours avec nous parce qu’il n’y a pas de grandes équipes, ni de grands résultats sans de bons supporters. Je profite également de l’occasion pour souhaiter également de joyeuses fêtes à tout le monde, beaucoup de bonheur et surtout, une bonne santé."

Par M.G & P.B


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